En mal de frissons, j'avais été déçu par Outlast qui me semblait un jeu d’horreur un peu sommaire, grossier dans ses tentatives de rendre l’angoisse, limité dans ses mécaniques. La proposition n’était probablement pas pour moi. Contrairement à Layers of Fear. Le jeu a été développé en Pologne par une poignée de développeurs, et pourtant se montre bien plus solide que d’autres productions.
Dans le jeu, le personnage principal qu’on incarne va tenter de mettre à jour le mystère autour du sort des habitants d’une maison familiale, en se concentrant sur la figure paternelle, un peintre. L’avancement de la progression dévoilera progressivement ce que contenait sa dernière peinture. La famille est toujours citée, jamais présente, et c’est en découvrant les différentes pièces que le scénario va éclaircir leur triste destinée. Dans ce cadre restreint, une famille, une maison, des drames se sont joués qu’il va falloir découvrir.
Le jeu est d’une grande simplicité, il ne s’agit rien de plus que de se déplacer et d’interagir avec le décor, pour trouver de nouveaux éléments de notre enquête. Ce sera aussi le meilleur moyen pour se défaire des quelques énigmes qui utilisent les particularités du jeu.
Car Layers of Fear joue avec notre perception, de l’espace mais aussi du temps. Le décor n’est jamais certain, il change et se modifie, reflétant parfois d’autres moments plus troublés de la maison. Le jeu le fait intelligemment, en affirmant que ce qu’on ne voit n’est peut-être pas la réalité. Il suffira alors de tourner la tête pour découvrir que la pièce a complètement changé. La folie de la maison ou de ses occupants pervertit ce qui semble acquis dans notre avancée. L'environnement est malléable, déformable, tourmenté à l'image de la psyché du peintre.
Et puisque rien n’est sûr, tout est angoissant. Le cadre de la maison est déjà bien rendu, à la fois crédible et hanté par la tragédie, transformé parfois en cauchemar. Puisqu’il n’est pas possible de faire confiance au jeu ou à nos sens, le spectateur avance dans l’inconnu. Les occasions de mourir sont rares, ce n’est pas sur quoi joue le jeu mais bien sur un malaise continu et diffus, qui nous bouscule aussi pour mieux nous effrayer.
La façon de jouer influençant le déroulé et la fin de l’histoire, il est possible de le refaire plusieurs fois pour mieux en percevoir tout le génie, d’autant plus qu’il est assez court. Les quelques ficelles apparaissent alors plus distinctement, le jeu brimant la liberté du joueur pour mieux l’envelopper dans son mystère angoissant.
Mais la proposition de Layers of Fear fonctionne. La menace ne vient pas d’ennemis qui en voudraient à notre intégrité physique, mais bien d’un environnement qui bouscule nos perceptions, nous fait avancer vers un inconnu toujours renouvelé. Jamais auparavant le décor n’avait été à ce point utilisé pour casser son principal emploi en tant que limites de l’espace. Il est ici mouvant et traître, jamais certain. Le joueur est déstabilisé, et plonge dans l’inconnu, et ne peut que se raccrocher à la promesse initiale du jeu. En cherchant à découvrir ce qui s’est é dans cette maison au sein de cette famille, il devient la nouvelle victime de ces lieux.