Killer7 est un OVNI.
Avec l'avènement d'internet, tout le monde le sait, sa réputation le précède et Grasshoper Manufacture, développeur du jeu, fait figure d'entité emblématique dans le domaine du barré, du fou, du psychédélique.
Mais en 2005 quand il sortit sur GC, seuls ceux qui ont ce grain de folie viscéral pour croire en ce projet dément ont pu constater quel talent animait ce studio et notamment les génies à sa tête, Suda, Kobayashi, Mikami and co.
Je faisais partie de ceux là.
Un jour de juillet 2005, alors que j'avais terrassé Hadès pour la 4e fois une semaine auparavant avec un certain chauve tueur de Dieux, j'entrais timidement dans l'antre de mon Micromania, étouffante en ce 15 juillet.
Tous les clients erraient dans la boutique, les yeux hagards, le regard électrisé sur le rayon Nitendo.
WTF ?!
Non, ce n'était pas à cause du mercure qui déait allègrement les 33°c (ils n'avaient pas encore la clim ces fous !), non, tous étaient curieux de ce titre estampillé Capcom, à la jaquette rouge sang et personne n'osait s'en approcher.
Fidèle écuyer du géniteur de Resident Evil, ma foi n'avait pas de limite. Devant la foule incrédule, je brandissais mon exemplaire à bras le corps, déjà acclamé par les vendeurs en délire.
J'étais la star ce jour-là, chacun s'écartait pour me permettre d'accéder à la caisse, les yeux ébahis, un soupçon d'iration mêlé au dédain ricochait sur mon armure de fan boy.
Le clou du spectacle fut certainement lorsque, dans un geste coulé et précis, j'avais sorti simultanément ma carte de fidélité et ma carte bleue...
Au moment de saisir le dernier chiffre de mon code confidentiel, le rassemblement de clients m'observait comme on scrute le sauteur à l'élastique avec un pied dans le vide.
Et lorsque le vendeur me remit le ticket de caisse, il accompagna son geste d'un sourire fier et franc qui voulait dire "toi, t'es un vrai !".
MAIS C'EST QUOI CETTE CRITIQUE ?!
Je le concède, la question est légitime :)
Mais finalement, cette reconstitution historique caricaturale résume assez bien le degré de délire et d'extravagance qui transpire de cette production.
Killer7 fait fi de tous les codes installés, il ne suit aucune ligne pré-tracée, aucune réalisation pré-mâchée, il ré-invente la notion de plaisir ludique par l'absurde. Mais diable que c'est bon...
Vous incarnez Harman Smith, vous rêvez d'éliminer Kun Lan. Vous êtes en fauteuil roulant mais une énigmatique schizophrénie vous permet d'exploiter vos 7 personnalités différentes, toutes des assassins professionnels.
Voilà le pitch, et c'est tout ce que vous saurez du jeu si vous ne vous y êtes pas encore essayer, car je n'en dirais pas plus. Je sais, c'est peu, mais le spoil est le mal culturel de notre siècle, alors let's play ;)
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