GRIS
7.5
GRIS

Jeu de Devolver Digital (2018PlayStation 4)

Le magnifique à ses limites

Quand j’ai découvert GRIS, je ne m’attendais pas à vivre une expérience aussi marquante. Ce n’est pas juste un jeu : c’est une œuvre qui touche, qui parle sans mots, et qui laisse une empreinte durable. Visuellement hypnotisant et musicalement envoûtant, on reste la bouche ouverte pendant 3h. Malgré tout, aussi fort soit-il émotionnellement, je ne peux pas le considérer comme parfait à cause d’un gameplay un peu trop... ennuyant.


Posons les mots : GRIS est magnifique. Chaque décor est une vraie peinture vivante, où les couleurs racontent autant que les images. Les environnements changent avec douceur : on e de paysages désertiques à des forêts lumineuses, de ruines immergées à des ciels infinis. Et à chaque étape, on sent que tout a du sens. La montée en couleurs au fil du jeu, c’est une manière subtile mais puissante d’illustrer le processus de deuil. Ce n’est pas juste joli : c’est profond, symbolique, et souvent bouleversant.


La musique, elle, est en parfaite symbiose avec le reste. Douce, aérienne, parfois poignante, elle accompagne chaque moment avec une précision presque chirurgicale. Il y a des crescendos qui m’ont vraiment serré le cœur, et des silences qui m’ont laissé réfléchir. L’ensemble crée une immersion totale, presque méditative, où chaque note semble peser autant que chaque image.


Par contre, là où GRIS m’a un peu perdu, c’est sur le plan du gameplay. Les phases de plateforme sont jolies, mais trop simples. Les pouvoirs qu’on débloque – comme se transformer en bloc ou nager – sont intéressants sur le papier mais simplistes avec un manque d'enjeu criant pendant leurs utilisations. On sent que le jeu mise tout sur l’émotion, et ça fonctionne, mais j’aurais aimé un peu plus de variété ou de challenge pour renforcer l’expérience. Un gameplay un peu plus ambitieux aurait pu sublimer l’ensemble.


En revanche les pouvoirs sont tout de même intéressants dans leur manière de refléter l’évolution émotionnelle de l’héroïne. Chacun symbolise une étape du deuil, un processus psychologique qui se déroule avec douceur mais avec force. Par exemple, la transformation en pierre, qui permet de résister aux vents violents, incarne la colère et la fermeture émotionnelle face à la douleur. C’est une défense, une carapace rigide qui symbolise le refus de l’acceptation. Plus tard, la capacité à nager sous l’eau, douce et fluide, évoque une forme d’acceptation des émotions. Enfin, la possibilité de s’envoler à la fin du jeu représente la guérison, l’envol vers une liberté retrouvée. Ces mécaniques ne sont pas là juste pour la forme, elles ont un vrai sens, une vraie dimension symbolique qui enrichit l’expérience.


Au-delà de ces mécaniques et visuels, GRIS parvient à nous offrir une définition très personnelle du deuil. Le jeu explore ses étapes – déni, colère, acceptation – avec une douceur qui en rend la portée universelle. L’héroïne, silencieuse, mais d’une expressivité poignante, porte le poids de cette quête intérieure. Le jeu est court, mais cette brièveté lui permet de concentrer son impact, évitant toute redondance tout en laissant une empreinte durable.


GRIS transforme le deuil en une fresque visuelle et sonore d’une beauté à couper le souffle. Bien que son gameplay soit limité, sa bande-son et ses visuels font de chaque moment une expérience inoubliable. Si vous cherchez un jeu où l’émotion prime sur l’action, GRIS est une toile à contempler, sans hésiter. Mon seul regret réside dans l’interactivité qui n’a pas totalement égalé l’ambition artistique, mais ce n’est qu’un petit frein dans une expérience qui brille tout de même intensément dans le paysage vidéoludique.

7
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le 21 avr. 2025

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Mega-Nak

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