Bizzarrerie fascinate mais bien ratée

Gregory Horror Show est une bizarrerie totale de Capcom. Originellement une sorte de mini-série japonaise en CGI, cette parodie cartoon de survival horror nous met dans la peau d'un jeune garçon perdu dans un hôtel hanté. Notre but est simple : recueillir les âmes des autres résidents.

Je vais être très clair : c'est un jeu relativement infâme à jouer que j'ai réussi à terminer grâce à l'usage de savestates, d'une soluce GameFAQs et d'un walkthrough YouTube. N'importe qui de sain d'esprit aurait rapidement abandonné, mais je suis resté uniquement pour le character design absolument fou, son ambiance bien particulière et ses décors totalement trippants.

Comme je l'ai dit, notre but est de récupérer 12 âmes qui sont une sorte d'objets volant au-dessus des différents occupants de l'hôtel. Notre "héros" n'a vraiment aucun pouvoir si ce n'est celui d'avoir une mine ahurie, de subir la fatigue, le stress et la colère. C'est un anti-héros total et froussard qui a un inventaire limité (façon Resident Evil, bien sûr). Pour mener à bien notre mission, il va falloir tendre des pièges à nos adversaires. À la façon d'un point'n'click, il faut souvent récolter un certain nombre d'indices sur le personnage pour comprendre ses faiblesses. Pour ne donner qu'un exemple (spoil mineur, mais de toute façon, je doute que vous alliez foncer sur ce jeu), on comprend qu'un pistolero est particulièrement paranoïaque. Vous allez donc devoir frapper plusieurs fois à sa porte pour qu'il parte en courant en laissant son âme sur le sol.

Récolter les indices est sûrement la partie la plus amusante du jeu : on épie les discussions, on trouve des objets et on interroge Gregory le maître d'hôtel. En début de jeu, on apprécie d'être mis dans ce décor avec tous ces personnages qui semblent vivre leur propre vie. Il ou elle se déplace de pièce en pièce et semble avoir une sorte de routine. Chacun a sa personnalité propre. Je suis spécialement fan de Catherine l'infirmière folle, Roulette boy ou TV-fish.

Non, le gros problème de Gregory Horror Show, c'est qu'il multiplie les couches de gameplay sans qu'il n'y ait la moindre consistance. C'est un mélange de survival-horror, de point'n'click et de Dungeon Keeper mais où rien ne marche vraiment. On ne sait jamais vraiment où aller et que faire. J'ai erré de longues heures dans ses corridors avant de me résoudre à utiliser une soluce : je me remercie d'avoir abandonné tant certaines parties sont vraiment tirées par les cheveux. On est constamment sur de fausses pistes et submergé d'objets qui sont pratiquement tous inutiles.

Le fait que le jeu ait un cycle jour/nuit renforce encore plus notre sensation d'être perdu. "Peut-être qu'il faut que je pose cet objet à cette heure précise à cet endroit ?", voilà le genre de réflexions qui ne cessent de nous submerger.

À cela s'ajoute ce que je nommerai le "pompon" : tout personnage à qui vous volez l'âme devient agressif envers vous. On se retrouve donc parfois à élaborer un plan machiavélique qui tombe irrémédiablement à l'eau par l'arrivée d'un ennemi. J'ai failli abandonner à cause de cette surcouche mi-Solid Snake (quand vous arrivez à éviter un ennemi) mi-Scooby-Doo (quand vous vous retrouvez à fuir).

Toutes ces "phases de gameplay" commencent rapidement à ressembler à l'épisode de Friends où Rachel fait son fameux gâteau diplomate : couche de biscuit, crème fraîche, petits pois, confiture et viande hachée. Il n'y a pas grand-chose qui fonctionne au final.

Bien dommage car les personnages avaient vraiment un cachet particulier.