Alors là – chapeau ! – franchement, j’applaudis.
Ça fait des décennies que je joue aux jeux vidéo, tout comme ça fait des décennies que je suis un grand adorateur de ballon rond, et durant tout ce temps j’ai cru à ce grand mythe ; celui qui consiste à placer Football Manager au sommet de la pyramide des jeux de foot.
C’était ce fameux mantra que tout le monde a entendu. Les Footix qui voulaient juste s’am avec leurs figurines officielles allaient s’aliéner sur FIFA ; ceux qui étaient plus en recherche de constructions et de sensations propres au ballon rond s’orientaient vers PES, et puis les purs – les vrais – eux ils allaient se casser les dents sur Football Manager : le truc ultime pour qui kiffait les stratégies, la gestion de groupe, les séances d’entraînement, etc.
Et moi, ce mantra, je l’ai longtemps validé parce que j’avais eu l’occasion de le vérifier pour les deux premières licences sus-citées et que je ne me sentais pas suffisamment solide et déterminé pour me risquer à quelque chose de trop pur pour moi... Non mais vraiment, quelle blague quand j'y pense avec le recul… Une blague qui aurait d’ailleurs pu durer longtemps, me concernant, si Sports Interactive, le développeur à l’origine de cette longue saga, n’avait pas pris le risque de sortir une version Touch pour Nintendo Switch. Sans ça, ni sans une belle promo sur le eshop bradant l’opus 2024 avant la sortie de sa nouvelle mouture annuelle, je pense que je ne m’y serais jamais risqué, et le mythe aurait perduré. Pour le coup, ça aurait été dommage de er à côté d’une poilade pareille…
Alors, attention, je vais tout de suite mettre les points sur les i et les barres sur les t, histoire qu’on ne se méprenne pas sur ma position à l’égard de ce titre : je savais quand même à peu près dans quoi je me lançais. Oui, je savais que je erais l’essentiel de mon temps dans des menus dantesques et que les visualisations de match seraient très rudimentaires techniquement parlant. Pour être honnête, je m’attendais même à pire sur cet aspect-là.
Par contre, ce à quoi je ne m’étais pas du tout préparé, c’était de me retrouver face à un jeu totalement à côté de ses pompes, empêtré dans des mécaniques archaïques et parfois franchement dysfonctionnelles, tout en ne parvenant pas à retranscrire fidèlement les enjeux de ce qui est pourtant censé être le cœur de notre partie : le management.
Le premier truc qui m’a saisi dans ma partie, ça a déjà été de constater à quel point Football Manager se retrouve vite mis en défaut sur la question de la gestion de base d’un club de foot.
Alors certes, je n’ai peut-être pas aidé ce Football Manager 24 Touch en voulant commencer du plus bas possible avec l’équipe la plus pourrie du jeu. Mais bon – que voulez-vous – moi c’est ça qui m’attire dans un jeu de gestion impliquant un mode carrière. J’aime ce sentiment de partir de rien pour ensuite chercher à me hisser parmi les meilleurs. En termes d’immersion, pour moi, il n’y a pas mieux. C’est donc la raison pour laquelle, au moment de choisir le club à partir duquel j’entendais lancer ma carrière, je suis tout de suite parti dans les tréfonds du football français à la recherche des clubs amateurs. Et là – première surprise – on ne peut pas descendre en dessous de National 1, soit seulement le troisième échelon en partant de l’élite. Les clubs de National 2 sont pourtant affichés, mais on ne peut pas les sélectionner. (Pourquoi ?) Pire que ça, plus tard dans ma partie, au moment de lancer mon club en Coupe de , je constate qu’une multitude de clubs de Régionales 1 et 2 sont référencés. Mais bon, visiblement, le jeu n’entend pas les rendre jouable.
Bon, tant pis… À ce moment-là, je ne déchante pas pour autant puisque je constate qu’il existe un autre mode où on peut créer son propre club. C’est donc vers celui-ci que je me dirige finalement… (Pour mieux déchanter, bien évidemment.)
Dès la phase de création du club, les premiers limites – pour ne pas dire les premiers problèmes – surgissent. On ne peut pas vraiment éditer le logo de son club et on doit se contenter d’en choisir un parmi la douzaine de propositions rudimentaires mises à disposition. C’est certes pauvre, mais ça e encore tant on n’est pas forcément venus pour ça. Par contre, sitôt arrive-t-on dans l’éditeur de maillot que l’enfer commence vraiment. C’est assez difficile à décrire tant le truc est contre-intuitif. Il y a des onglets pour switcher de la tenue domicile aux tenues secondaires (jusque là, ça va). Par contre, pour éditer chaque tenue, il faut à chaque fois créer un élément, puis définir la nature de cet élément (maillot, short, blason, écriture), pour ensuite éditer l’élément en question. Et là, c’est le début du grand questionnement. Pourquoi cette façon de procéder ? Pourquoi peut-on créer plusieurs maillots ou plusieurs logos pour la tenue domicile puisqu’il n’y a PAR DÉFINITION qu’un maillot domicile et qu’un seul emplacement pour les logos (on ne peut pas les superposer). Mais SURTOUT, pourquoi soudainement, je ne peux plus modifier certains éléments ? L’onglet situé en première position devient surprenamment inaccessible. Il faut parfois jouer sur l’ordre de classement des éléments pour espérer les remodifier à nouveau, et puis parfois, c’est tout bonnement impossible. On a beau marteler les boutons de sélection, ça ne marche PAS. Il faut effacer puis recommencer. DEUX HEURES ées à créer des jeux de maillots dignes de Kick Off.
Mais qu’est-ce que c’est que cette horreur ?
Et si vous croyiez que je prends là un élément périphérique pour cracher malhonnêtement sur ce jeu, détrompez-vous. Tout le calvaire de ce FM24 est finalement résumé dans cette seule prise de .
Parce qu’il faut le savoir : FM24 étant un jeu qui nous invite à er des heures sur un tableau de bord digne d’un Jumbo Jet, celui-ci a eu la bonne idée (ce n’est pas un sarcasme) d’utiliser un système de double curseur pour y naviguer plus vite. Car oui, faute de souris sur la Switch, il fallait bien trouver un substitut pas trop galère, or cette idée de double curseur était loin d’être conne dans le principe.
En gros, l’interface est divisée en gros blocs et le stick gauche nous permet de basculer d’un bloc à l’autre, tandis que le stick droit nous sert à naviguer dans le détail dudit bloc. Le souci c’est que cette interface, dans les faits, bah elle ne marche pas, quoi… Mais vraiment hein ! Et du même genre que ce que je vous évoquais pour la création des maillots au paragraphe juste au-dessus ! Des fois, tu appuies sur A pour sélectionner un élément et ça ne marche juste pas. Dans certains cas, tu finis par comprendre pourquoi, et dans d’autres, même après plusieurs dizaines d’heures de jeu, tu ne comprends toujours pas.
Tenez, prenez cette situation à la con, histoire que vous puissiez vous faire une idée. On est toujours au début de ma partie et je viens de recréer mon club de quartier. J’ai fait le logo, les maillots et j’ai choisi le stade qui se rapprochait le plus de ce bon vieux complexe sportif Youri Gagarine. Je m’en vais alors prendre avec les infrastructures et institutions de mon club. Comme on n’a pas de possibilité de générer aléatoirement des joueurs – ou de les créer – le jeu nous invite à substituer notre club par un autre déjà existant. Je prends le plus pourri de National : le Marignane-Gignac-Côte bleue Football Club. C’est ainsi que je me retrouve à récupérer l’effectif du club ainsi que son président : Aliaume Gonthier (Oui oui… Ce type existe vraiment et il se prénomme vraiment Aliaume), et qu’on me demande également si je veux aussi récupérer le staff du club. Voulant vraiment partir de zéro, je dis « non ». Et comme du coup, je n’ai pas de staff, il faut donc que je commence par le recruter. Et c’est là qu’on rentre dans le premier cercle des enfers…
Dans FM24, quand tu as besoin de quelqu’un, tu ne le scoutes pas toi-même en épluchant la base de données dantesque qui est mise à ta disposition. Non, pour les entraîneurs-adts, recruteurs et autres encadrants d’équipe de jeunes, tu dois déposer des annonces et attendre qu’on te réponde (pourquoi pas), mais le problème, c’est que lorsque tu as des réponses et que tu cliques sur A pour lire les profils, aucune possibilité nous est donnée pour interagir avec les candidats en question afin d'entamer les démarches de recrutement. Et c’est con hein, parce que moi, par exemple, parmi les dix candidats qui avaient répondu positivement à mon annonce, il y avait Anthony Réveillère.
Je vérifie. L’âge correspond bien. Oui, il s’agit bien de l’ex-arrière droit de l’Olympique lyonnais. Pour mon petit club de quartier lillois, ça pèterait trop la classe de l’avoir comme adt ! Mais seulement voilà, toujours impossible d’interagir ! Enfer et damnation ! Je me dis que je vais peut-être pouvoir le faire au cours des jours suivants mais, en faisant défiler le temps, notre bon Aliaume Gonthier a décidé d’agir à ma place. Et voilà comment je me suis retrouvé avec un entraîneur-adt qui n’était pas Anthony Réveillère.
Dégoûté, j’ai relancé ma dernière sauvegarde, ai essayé d’interagir à nouveau mais niet : pas d’Anthony Réveillère. Et ça a été la même chose pour tous les autres postes à pouvoir. Et si vous pensez que la blague s’arrête là : pas du tout…
Une fois chopé mon staff, il me fallait désormais étoffer mon effectif. Or, pour ça, tout allait dépendre de mon budget alloué au transfert et… Attendez… J’ai un budget de -660 000€ ?! Mais comment c’est possible ! C’était marqué +1,2 millions quand j’ai sélectionné le club ?!
Je cherche l’historique des dépenses. Il n’y en a pas (ou alors il est très bien planqué). Pour seul substitut, j'ai simplement un graphique avec les courbes de mes dépenses et là je commence à comprendre : mon budget recrutement est déjà parti dans le recrutement du staff. Donc je pars déficitaire avec le pire club français en lisse. Voilà qui promet déjà…
Mais ça, ce n’est rien ! Parce que face à ce problème, je décide de scouter des joueurs libres ! Manque de pot, là encore, dans la rubrique recrutement, tu ne peux pas scouter toi-même (ou si c’est possible, je n’ai pas trouvé où), du coup c’est ton recruteur qui le fait, et qui te propose, soit personne, soit des mecs qui sont systématiquement hors de portée de ton budget.
Tu veux négocier avec eux ? Des fois tu peux sélectionner les mecs proposés, des fois pas. Pourquoi ? On ne sait pas.
Quand tu parviens à négocier avec un type et que tu te rends compte que tu vas être un peu juste niveau salaire, tu ne peux pas moduler par toi-même la valeur du salaire que tu comptes proposer. Ça marche que par tranche ; des tranches qui sont bien évidemment pas assez fines pour correspondre à tes besoins. Pourquoi ne pas laisser la possibilité au joueur de définir précisément les salaires qu’il propose ? On ne sait pas.
Et si jamais il te venait à l’idée, pour sortir de cette ime, de libérer des salariés pour dégager de la masse salariale afin de convertir en budget transferts, comme dans FIFA, eh bah là non plus, tu peux pas. Pourquoi ? On ne sait toujours pas.
Plus de vingt heures de jeu plus tard, il a des manips que j’ai fini par comprendre et qui me font dire que – peut-être – j’aurais pu recruter Anthony Réveillère si j’avais eu la présence d’esprit de ne pas marteler « A » mais plutôt appuyer sur « + » pour ouvrir l’onglet « Action » et proposer un contrat. (C’est un sarcasme.) Mais en vrai, je n’en suis même pas certain. Combien de fois cette touche a ouvert une interface au sein de laquelle je ne pouvais activer aucune rubrique ? Et pour vous dire le niveau : après plus de vingt heures, je ne sais même pas comment lever une demande de recrutement. Ça doit bien se faire quelque part, mais c’est tellement obscur, contre-intuitif, aléatoire dans son fonctionnement, que je ne sais même pas 1) comment le faire ni 2) si c’est possible de le faire.
Mais vraiment, c’est l’enfer.
Alors je me doute bien – encore une fois – qu’on pourrait m’objecter plein de choses face à ces reproches que je viens de faire. « Tu n’as pas pris le temps de bien maîtriser l’interface qui a sa logique pour peu qu’on sache lui donner du temps », ou bien encore « tu rages sur des détails, car le cœur du jeu n’est pas là. » À tous ceux-là, je leur répondrais un expéditif mais limpide : « mon cul ! »
« Mon cul », parce que, si, le cœur du jeu est là : dans l’interface. Et « mon cul » doublement, parce qu’il y avait vingt mille manières plus simples et plus pratiques de procéder. À un moment donné, il faut savoir regarder les choses en face : Football Manager est une licence qui a été pensé dans les années 90 et qui n’a été que très peu remodelée depuis. Et comme toutes les vieilles licences qui entendent justifier un énième nouvel épisode mais sans trop se fouler non plus, on a rajouté au fur et à mesure des appentices sur d'autres appentices, à tel point qu’aujourd’hui, c’est devenu un gigantesque foutoir qui n’est même plus capable d’assurer l’essentiel.
Oui, Football Manager est un jeu exigeant, j’entends bien. Mais non, il ne l’est pas au sens où il serait fin et subtil. Il l’est uniquement parce qu’il exige de ses joueurs qu’ils soient capables de surmonter des mécaniques totalement confuses, rigides et absconses. Tout ce que propose Football Manager existe ailleurs en plus simple, plus limpide, plus accessible. Qu’on m’explique par exemple pourquoi il est juste impossible dans ce jeu de pouvoir afficher la liste de son effectif de joueurs classés poste par poste ? Dans ce jeu, on doit forcément partir d’un onze type, sélectionner un joueur, appuyer sur A pour ouvrir une roue d’interface, puis choisir entre lire le profil du joueur ou le remplacer pour avoir accès à une liste de remplaçants. Sauf que, par rapport à cette liste, soit le jeu fait le choix de ne nous afficher que les joueurs pouvant camper ce poste (sans savoir si c’est leur poste préférentiel ou pas), soit il fait le choix de n'afficher qu'un seul joueur préférentiel sans afficher tous les autres pouvant jouer à ce poste (pourquoi ? C’est aléatoire, ça dépend du poste), ou bien il choisit d'afficher toute la liste mais sans que les joueurs soient classés par poste et sans nous donner la possibilité de le faire ; parfois sans même nous donner la possibilité de la lire en intégralité à cause d’erreurs d’affichage !
Pour vous dire, afin de prendre connaissance de mon effectif, j’ai fini par prendre une feuille et faire ma propre liste dessus, afin de disposer d’un document clair me permettant de savoir qui pouvait jouer à quel poste ! Non mais quel scandale !
Et on en parle de la soi-disant profondeur tactique de ce jeu ?
Moi, quand je suis arrivé dans les menus tactiques, j’ai voulu redessiner ce qui me semblait la formation la plus efficace pour une équipe ne disposant que de très peu de possibilités techniques : deux grosses lignes de 4 bien rigides, pour ne laisser devant qu’une pointe associée à un attaquant en retrait faisant office d’ajusteur de ligne en fonction de la phase de jeu enclenchée. Or, dans les menus de formation, impossible de faire un 4-4-2. Impossible non plus de repositionner soi-même les joueurs sur le terrain. Impossible encore d’attribuer des rôles spécifiques et individuels à chaque joueur… Alors qu’on le faire facilement dans PES ou dans FIFA hein !
À la place, dans Football Manager, on a juste une demi-douzaine de formations disponibles, accouplées à des principes de base d’animation : gengenpress, tikitaka, box to box… C’est juste putain de léger.
Et qu'on ne me dise pas que tout ça est compensé par la possibilité d'organiser des entraînements individuels pour chaque joueur, parce que je m'y suis risqué à ce mode-là, histoire de booster un peu mes attaquants, et – ô surprise – au moment de choisir les compétences à optimiser chez mes attaquants, eh bah aucune d'entre elles n'était optimisable ! Bah oui, visiblement, chez les joueurs standards, on ne peut que se contenter des réglages de base. Du coup, pas d'entraînement individuel pour moi. Ne me reste donc plus que les ajustements tactiques généraux liés à formation avec lesquels jouer ; ajustements tactiques que je n'ai aucun intérêt à changer de match en match dans la mesure où le jeu ne nous donne des informations sur nos formations adverses qu'une fois la confrontation lancée. Bref, dit autrement, une fois défini ma stratégie en début de saison, eh bah le jeu est fini... Il n'y a plus qu'à enchaîner les matchs en se tournant les pouces. Super le niveau de performance du meilleur jeu de foot du monde...
Parce qu'on ne va pas se mentir : ce n'est pas avec le déroulé des matchs qu'on va pouvoir mobiliser notre génie tactique. L'essentiel du temps, on a juste le nez collé sur un tableau des buts et des cartons avec en dessous une frise résumant l'état de forme de notre onze. Rien à faire à part observer, les smileys d'état d'esprit, les cœurs d'endurance et les notes de performance. Pas de mystère sur la marche à suivre. On remplace les joueurs fatigués (et vu qu'en National, on n'a droit qu'à cinq joueurs sur le banc – pour cinq remplacements possibles ! – ça réduit forcément les possibilités d'action). On adapte l'attitude offensive ou défensive selon qu'on ait intérêt à prendre des risques. Et puis on peut de temps en temps hurler quelques consignes. Pour ma part, c'était tout le temps la même : « féliciter ». C'était la seule qui bonifiait systématiquement les smileys. Étonnamment, « motiver » était systématiquement mal reçu, alors j'ai félicité, tout le temps, quelque soit la situation. Et ça avait l'air de marcher, donc autant dire qu'en termes d'enjeux, les matchs, ça s'est vite réduit à peau de chagrin.
Et qu'on ne me dise pas qu'il y ait vraiment quelque chose à tirer des phases de jeu auxquelles on assiste de temps en temps, parce que c'est faux. Combien de fois j'ai assisté à des buts pris à cause de relances faites dans l'axe ou à cause d'une ligne défensive qui n'était pas montée sur le porteur du ballon et qui m'a allumé mon gardien de loin. À chaque fois, je suis allé dans les paramètres tactiques pour ajuster en fonction, et à chaque j'ai découvert que mes paramètres étaient déjà réglés sur « relancer par les ailes » et « mettre un pressing haut sur le porteur du ballon ». Dès lors, à quoi bon m'emmerder à lire les phases de jeu que ce Football Manager m'affiche ? Je vous le demande, mon bon m'sieur...
De toute façon, et de manière générale, il n'y aucun intérêt à jouer la défense dans ce FM24. Jouer la défense avec l'équivalent du Marignane GCBFC, c'est quand même se prendre des buts. En jouant l'offensive, on s'en prend autant, mais au moins on en marque en retour et on peut ainsi espérer gagner des matchs. Et vu que c'est l'attitude qui est plébiscitée par la direction comme les ers, alors forcément, « à l'attaque toute... » De toute façon, au bout du compte, c'est le logiciel du jeu qui va faire sa popote en fonction de paramètres statistiques sur lesquels on n'a que peu d'emprise, donc à part essayer d'aligner le plus souvent possible le même onze pour tisser des complicités et féliciter régulièrement les joueurs, il n'y a pas grand chose à faire pour optimiser au mieux nos chances de gagner. Il n'y a vraiment plus qu'à enchaîner les matchs... Et je précise : quand bien même n'a-t-on rien à faire, ou pratiquement rien, ça n'empêche pas notre partie de mettre des plombes à se dérouler à cause de l'incroyable inertie de l'interface. J'en ai eu pour une grosse vingtaine d'heures pour plier ma première saison. Une saison entière pour simplement maintenir le club à flot, en milieu de tableau, assainir à peu près les finances du club et puis constater que, pour la saison à venir, il allait falloir prolonger la blinde de contrats ; que ces prolongations n'allaient pas pouvoir se faire sans revalorisation ; que ça allait replonger les comptes du club dans le négatif et que, par conséquent, il allait encore falloir me er de transferts pour toute une saison encore...
Non mais, c'est bon quoi... Le summum du jeu de foot se era de moi. C'est arrivé à cette étape là que j'ai décidé d'arrêter les frais...
Alors je sais bien ce que certains thuriféraires de la licence pourraient vouloir me dire : « Mais tu t'y es pris comme un bleu ! Football Manager ça ne ne se joue pas avec des petites équipes ! Et quelle idée de commencer par ça ! Et il y a pleins de paramètres que tu as loupés ! Et puis en plus tu y as joué sur consoles alors que ça se joue sur PC... » ...Ce à quoi je me permettrais de répondre tout de suite par anticipation.
De tous ces reproches, pour moi, il n'y en aurait qu'un seul qui serait à moitié valide, c'est celui de mon choix de plateforme pour découvrir le jeu. Parce que oui, c'est évident en y jouant, Football Manager est un jeu qui est pleinement pensé pour être parcouru à la souris. L'usage du double curseur et surtout de la roue de sélection est juste une purge qui ralentit et alourdit considérablement la navigation. En cela, la version Touch censée adapter FM à la console est un pur fiasco. Et même s'il est totalement vrai qu'en le pratiquant sur PC, j'y aurais sûrement moins souffert, il n'en reste pas moins que c'est cette version Touch que le distributeur Sega m'a mis dans les mains, alors qu'il assume.
Pour le reste, je pense par contre qu'il serait temps, une bonne fois pour toute, de retirer ses oeillères. Football Manager, ça ne se jouerait pas avec des petites équipes ? Ah oui ? Et pourquoi ça ? À partir du moment où le jeu permet de les jouer, j'estime quelles doivent être jouables ; et j'entends par-là qu'elles devraient être en mesure d'apporter un minimum d'intérêt ludique. Plus que ça, il devrait être logique de commencer par ces équipes-là, comme dans tout bon jeu de gestion. Partir de rien pour commencer avec une base simple, pour ensuite complexifier l'expérience en allant, c'est juste le principe fondamental de tout jeu de gestion. Mais là, rien de ça dans Football Manager. Comme pour toute licence fainéante qui a conscience qu'elle vit essentiellement sur sa rente versée par des fans prêts à racheter la nouvelle édition au prix fort tous les ans, Football Manager nous fait le coup du tuto à l'arrache constitué de trois cents fenêtres pop-up qui apparaissent lors de la première heure du jeu et dont tu ne retiendras pas grand chose. Faire ça, ça en dit quand même long sur le niveau de je-m'en-foutisme de Sports Interactive. C'est juste du ni fait ni à faire. Voir ça dans un jeu sorti en 2023, c'est juste du gros foutage de gueule.
Mais peut-on franchement s'en surprendre ?
Quelle licence sortant un épisode par an s'est déjà risquée à une vraie remise à plat de ses mécaniques ? Perso, je n'en connais pas. Or, ça fait vingt ans qu'il sort des Football Manager tous les ans. Et avant ça, Sports Interactive sortait déjà tous les ans un opus de son jeu L'entraîneur (Championship Manager dans la langue de Shakespeare) depuis 1993.
1993.
L'année du fameux but de Kostadinov quoi...
Ce jeu – Football Manager 2024 – c'est juste la déclinaison ad nauseam d'une structure vieille d'il y a plus de trente ans. Des vieilles grilles de stats RPG qu'on essaye d'agrémenter avec des matchs racontés dans des petites bandes textes qui flinguent les yeux.
En 1993, je ne dis pas, j'accepte le procédé. Mais en 2023 ? Franchement ?
Ça fait des années que chaque épisode se vend à plus d'un million d'exemplaires et on essaye de nous faire croire que, depuis le temps, ils ne sont même pas foutus, chez Sports Interactive, de modéliser un terrain et une équipe qui dée les standards de la PS1 ? Idem, qui essayera de me faire croire qu'après plus d'une décennie de modélisation 3D, personne n'a remarqué que certains cadrages caméra dévoilaient les extérieurs non-modélisés du stade ? Et que dire de ces pop-up qui parfois buguent et cachent l'interface du match ? Et que dire encore du fait qu'en éditant le nom de notre club, ce changement de nom n'impacte pas celui de l'équipe réserve ? (Moi, par exemple, j'avais beaucoup m'être emmerdé pendant des heures à façonner mon Cosmo Club adoré que, malgré tout, le jeu a é toute ma première saison à me rencarder sur les matchs de Marignane GCBFC 2. Y a vraiment personne qui a grillé ce manquement-là ?)
Et puis, juste pour la blague, est-ce qu'on parle du fait qu'on ne puisse pas choisir soi-même les maillots de chaque équipe au début des rencontres ? Et est-ce qu'on parle d'à quel point le jeu s'emmêle parfois franchement les pinceaux avec ce paramétrage pourtant bidon ? (Jouer à domicile avec mon maillot extérieur rouge contre Nancy et son maillot extérieur lui aussi rouge, ça reste quand même un souvenir sacrément mémorable) ?
Et puis tiens – pendant qu'on y est – c'est tout con hein ! – mais comment ça se fait que, lorsqu'on joue avec un maillot créé, ce maillot n'est pas affiché dans le vestiaire comme pour toutes les autres équipes ? Pourquoi ce vieux maillot violet "War Child" dégueulasse à la place ? Il n'y avait vraiment pas moyen de bidouiller ce détail -là avec les liasses qu'a accumulé Sports Interactive ?
De là, comment espérer qu'avec tout ces signaux manifestes de foutage de gueule, on puisse espérer que cette licence puisse une seule seconde questionner et repenser sa formule pourtant archaïque ?
Parce qu'il reste là le grand malheur de toute cette affaire. Pendant qu'on entretient cette mascarade selon laquelle Football Manager serait la référence ultime en termes de jeu de football, on s'empêche de réfléchir à ce que pourrait être un vrai jeu de gestion autour de la thématique du manager de foot. Parce que c'est quoi un manager aujourd'hui, dans le football moderne ?
Ce n'est pas un gars qui e son temps à lire ses feuilles de stats sur un écran à l'interface imbitable. Non, c'est un gars qui fait des caies, dirige des séances d'entraînement, supervise des séances visios, évalue les attitudes et les états de forme du moment des uns et des autres, gère des caractères plus ou moins compatibles, arbitre des incidents de vestiaires ou des retours de blessures délicats... Que des aspects terriblement absents de ce Football Manager.
En fait, à aucun moment ce jeu ne nous sensibilise à ce qu'est vraiment le rôle d'un manager de foot. Jamais il ne nous accompagne pour nous faire découvrir la réalité de son quotidien et de son travail. À quoi servent les séances d'entraînement ? Qu'est-ce qu'on y peaufine ? Quels risques à tels programmes plutôt que tels autres ? Pour le coup, ça, ce serait offrir une simulation qui serait à destination de celles et de ceux qui sont de vrais ionnés de football ! Ça, ça permettrait de nous sensibiliser au vrai travail de manager et aux stratégies fondamentales du football moderne !
Moi, par exemple, je trouverais génial qu'on assiste au debrief d'une analyse vidéo de l'équipe adverse et qu'à partir de ça on nous donne des pistes de choix tactiques et d'entrainement adaptés pour faire face au défi particulier qui va constituer le prochain match ! Pour le coup ça donnerait une toute autre dimension à la rencontre à jouer lors du prochain week-end ! Et insère par dessus ça un problème de blessure, de recrue star qui arrive en retard à l'entraînement, et d'un groupe de jeunes prometteurs qui est parti faire la nouba la nuit dernière, et là on a du vrai challenge ! Du vrai jeu ! Et pas cette merde de tableau excel qui date de l'époque de Windows 3.1 !
Voilà donc pourquoi, en ce qui me concerne, l'aventure Football Manager s'arrêtera là, et la blague avec ça.
Ça ne me dérange pas que les nostalgiques y trouvent leur compte, tout comme les fans de gestion de datas. Au fond, à chacun sa came. Je n'ai pas de souci avec ça. Par contre, finissons-en deux secondes avec les légendes dorées, surtout quand celles-ci sont depuis trop longtemps périmées. Comme ça, ça permettra à chacun de faire son choix en pleine connaissance de cause, car quitte à perdre du temps avec une simu de management limitée, autant prendre la version qui n'a pas une gueule de vieux Windows, et se contenter d'un FIFA qui, sur le sujet, est finalement de bien meilleure qualité...