La Magie Opère?

À une journée près, jour pour jour, Square Soft publie l'année suivante la suite de Final Fantasy. Une volonté certaine de proposer un jeu dans la continuité, tout en allant plus loin. Mais n’est-il pas allé trop loin ? Dans un monde dans lequel l’empereur Palmécia cherche à conquérir le monde en utilisant d’anciennes magies, quatre jeunes vagabonds décident de redre les rebelles et de suivre les directives de la princesse Hilda, afin de lui rendre son trône. Donjons, combats, donjons, joies, tristesses, donjons, dragons, amis et donjons attendent nos protagonistes.

                Si l’histoire ne vole pas haut, elle a le mérite de proposer davantage d’évènements que le premier jeu. Ici, nos personnages parlent et ont un début de caractérisation, on est loin des coquilles vides du 1. Durant notre aventure, la quatrième place de notre groupe sera une chaise musicale. Nous n’aurons pas moins de six personnages qui auront l’honneur de combattre à nos côtés. L’idée peut sembler bonne pour rafraichir la dynamique du groupe. Le problème principal est que ces personnages ne sont jamais au même niveau que notre équipe. Pire, le dernier recrutement avait trois fois moins de PV que mon personnage le plus faible. À chaque fois, c’est un nouvel handicap. Au moment où ce personnage devient enfin viable à jouer, il nous quitte et un nouveau arrive et on repart de zéro. C’est extrêmement frustrant. Il aurait de meilleur ton de laisser une équipe fixe vers la moitié du jeu, pour nous laisser modeler notre dernier personnage comme on le souhaite. Ceci n’est pas la seule chose éreintante. Le jeu possède plus de donjons que le premier. C’est une succession de donjons qui ne sont pas nécessairement intéressants. De plus, les développeurs paraissent s’am à mettre des portes un peu partout, qui conduisent 90% du temps dans des salles vides. Autant dire qu’à la longue, c’est épuisant. Sans parler du bestiaire qui tourne en rond avec du swap colors à ne plus savoir quoi en faire. Vers la fin du jeu, on enchaine les donjons qui ont les mêmes mobs, mais avec des couleurs différentes. L'horreur. 

L’une de mes plus grandes appréhensions était le système d’expérience. Final Fantasy II a créé un système qui peut sembler être une bonne idée, mais qui en l’état est déséquilibré. En fonction de notre façon de jouer, les stats de nos personnages évoluent différemment. Si Firion prend des coups, ses PV augmentent, si Maria utilise de la magie, ses MP augmentent, si Guy ne fait qu’utiliser des armes, sa force augmente, etc. En somme, cela peut paraitre logique, mais l’évolution de nos personnages parait hasardeuse. Au début de ma partie, Maria était éclatée au sol et Firion monstrueux. Après plusieurs heures, Firion est devenu banal, alors qu’il avait le meilleur stuff, et Maria était un élément central de l'équipe. Ajoutez à ça, les personnages augmentent leurs stats avec les armes et les magies qu’ils utilisent. Avec ce système, adieu le système de classes, on peut modeler nos personnages comme on le souhaite. Cependant, toutes les armes ne sont pas logées à la même enseigne. Le jeu propose 7 arcs, 7 haches, 10 bâtons et 15 épées, en sachant que tous les modèles ne valent pas le détour. Donc, votre personnage peut se trimbaler la même arme pendant plus de la moitié du jeu et devenir de plus en plus inutile. Sans parler de l’option « optimale », qui du coup n’a aucun sens puisqu’il peut équiper un lancier avec une épée, car les stats de cette dernière sont plus élevées. Idem, quand on veut acheter auprès d’un magasin, les flèches censées indiquer si la pièce est meilleure ou non, pour les mêmes raisons, ne servent à rien. C’est incroyable que personne ne se soit fait la remarque parmi l’équipe de dev. En somme, beaucoup de bonnes idées planent ici, mais l’exécution est compliquée.

                Enfin, grâce à cette Pixel Remaster, encore une fois, le jeu est viable à parcourir. Les graphismes sont appréciables et les musiques réorchestrées valent le détour. On note la présence de la map, l’option pour désactiver les combats aléatoires, le mode automatique des combats, les sauvegardes automatiques… On regrette toujours l’absence des ajouts de la version GBA qui auraient été bienvenus. Quelques éléments sont à noter également. On doit toujours acheter des magies, mais n’importe qui peut les apprendre et il y a maintenant des Points de Magie qui n’existaient pas avant. De même, la première apparition du Chocobo, de Cid, de l’option « position » pour les combats. Le jeu est aussi fastidieux à cause de la redondance de sa trame : on doit aller voir la princesse Hilda à chaque étape de notre aventure. Je trouve qu’on y perd en fluidité. Les derniers ennemis ont tout pour nous rendre fous. Entre les morbols et les changements d’état, les gigas qui ne prennent que des dégats élémentaires, les faucheurs qui retirent 3700 PV en une attaque en plus de se soigner, les coeurls qui one-shot, etc. On est plus qu’heureux de pouvoir annuler les combats aléatoires dans ce jeu. Enfin, un élément indispensable pour progresser dans l’histoire sont les commandes « apprendre » et « demander ». Nos personnages peuvent apprendre des mots-clés qui permettront de débloquer des dialogues auprès d’autres PNJ et ainsi avancer dans l’histoire.

                Bref, Final Fantasy II est un dessous de son prédécesseur alors qu’il cherche à pousser les curseurs. Sans être mauvais, il est usant d’y jouer à cause de son grand nombre de donjons, de cette équipe instable, des aller-retours peu enthousiasmants, d'un système de stuff et d’expérience bancal… Heureusement, cette Pixel Remaster propose des outils équivalents au premier jeu pour rendre l’expérience plus viable.