Marathon Ball : 3/8
On dit souvent que Dragon Ball est le parent pauvre des adaptations vidéoludiques de la licence, qui se concentrent en général sur les arcs adultes issus de DBZ. Hasard ou coïncidence, Goku enfant va apparaître plusieurs fois dans ce marathon, puisqu'après l'adaptation GBA de ses aventures je m'attaque à la version DS, sobrement nommée Dragon Ball Origins.
On retrouve donc notre jeune héros, qu'on va suivre dans les premiers arcs de son histoire : de la rencontre avec Bulma jusqu'au premier tournoi d'arts martiaux, le jeu nous propose 8 chapitres différents, qui s'avèrent très fidèles au manga. Si vous êtes fan de Toto le lapin ou de Lanfan (essayez de vous rappeler de ce personnage sans le googler), vous serez heureux d'apprendre qu'ils sont bel et bien dans ce jeu, dans une 3D polygonale que ne renierait pas Resident Evil 1.
DS oblige, les capacités graphiques du jeu sont limitées, mais le côté low-poly fonctionne plutôt bien. L'expressivité des personnages est bien rendue grâce à d'habiles textures et un découpage efficace des cinématiques, qui se permettent même de profiter du double-écran de la console pour faire des effets de mise en scène voire un montage comique. La scène où Bulma montre sa teuch à Tortue Géniale est ainsi montrée face caméra, mais "malencontreusement" coupée par la séparation entre les deux écrans, c'est rigolo et bien pensé !
C'est d'ailleurs un point qui m'a surpris, mais aucune censure notable n'a frappé le jeu par rapport au manga. On retrouve donc cette fameuse scène avec Bulma, un magazine érotique, mais aussi à deux reprises Goku tout nu, ce qui est le seul zizi que j'ai pu voir sur ma 3DS depuis l'arrêt de la Boîte aux Lettres Nintendo. Et le tout est simplement noté PEGI 12 ou ESRB Teen, je suis à peu près sûr que s'il sortait aujourd'hui, il gagnerait facilement un échelon chez chacun de ces organismes.
Enfin, le jeu conserve la plupart des noms français et n'a pas eu l'idée merdique de renommer Tortue Géniale en Kamé Sénile ou que sais-je, je valide totalement.
En termes de gameplay, DB Origins est un jeu d'action-aventure vu du dessus et se contrôle entièrement au stylet. Malgré quelques différences (comme le découpage de l'histoire en chapitres), la comparaison avec Zelda Phantom Hourglass est inévitable, et elle est malheureusement à la défaveur de Goku.
On reproche beaucoup aux Zelda DS d'être imprécis dans leurs contrôles, je n'ai personnellement jamais eu à m'en plaindre, mais DBO ne m'a pas paru aussi aisé à prendre en main. Goku est terriblement imprécis lorsqu'il frappe un adversaire par exemple, et il peut parfois décider un peu aléatoirement de faire une roulade ou de ne pas activer la téléportation quand il aurait dû.
Je pense que c'est dû au fait que DBO met beaucoup l'accent sur un système de combo, où on doit donc tapoter l'écran tactile plusieurs fois en très peu de temps, ce qui occasionne beaucoup plus d'erreurs possibles par rapport à Zelda, où les coups d'épée s'enchaînent à un rythme plus lent.
Il faut d'ailleurs préciser que le jeu n'est pas d'une fluidité exemplaire, il n'est pas rare que l'action ralentisse dès qu'il y a plus de deux personnages à l'écran, ce qui est tout de même désagréable dans un jeu d'action.
Et autant le double-écran est bien exploité dans les cinématiques, autant en jeu c'est moins la fête. Vu la longueur de certaines map, je pense que l'écran du haut aurait gagné à afficher une carte des lieux, au lieu de juste prolonger notre angle de vue alors que ça ne sert quasiment jamais. Ca aurait peut-être aussi permis au jeu d'être plus fluide !
Parce que si le plus gros défaut du jeu est son système de contrôles, le deuxième plus gros défaut est la durée interminable de ses niveaux. Certains sont absolument labyrinthiques et ne proposent aucun checkpoint (et quand c'est le cas c'est à la toute fin, juste avant le boss), ce qui est franchement inadapté à un portable, d'autant que les lieux visités ont vite tendance à se ressembler et que les énigmes ne sont pas intéressantes pour un sou.
Pire, certains niveaux nous imposent d'avoir Bulma à nos côtés, et cette cruche peut parfois se faire pourrir dans un coin par un ennemi random et perdre toute sa vie en à peine 3 secondes. Si elle meurt, c'est Game Over et retour à l'écran de sélection du chapitre, autant vous dire que vous serez ravis lorsque ça vous arrivera dans la toute dernière salle d'un niveau.
Notez que le jeu propose pas mal de contenu, avec plus d'une soixantaine de niveaux au total, dont beaucoup qui se débloquent après les crédits de fin, ce qui donne sur le papier du contenu annexe très intéressant. "Sur le papier", parce que dans les faits, la majorité des chapitres bonus vous demandent de reparcourir un niveau de la quête principale, en général pour juste affronter un boss différent à la fin. C'est vraiment nul.
Le principal intérêt de ces chapitres bonus, c'est qu'on y rencontre quelques boss inédits, comme les participants du tournoi des arts martiaux que Goku n'a pas affrontés, ou même Papy Gohan dans l'ultime niveau du jeu (et ce fdp est complètement craqué). Tout n'est pas à jeter donc, mais il faut trier.
Un truc vraiment sympa par contre, c'est que Goku gagne beaucoup d'attaques au fur et à mesure du jeu, ce qui donne une progression vraiment plaisante. On commence avec des coups de poing ou de bâton basiques, et on finit par des techniques vraiment redoutables, en particulier le Kaméhaméha.
Seul problème, celui-ci est tellement fort et simple à exécuter qu'on finit par faire tout le jeu avec une fois qu'on le débloque, ce qui va pas mal à l'encontre de l'esprit du manga où ce n'est qu'une arme de dernier recours, en tout cas dans les premiers arcs. Le plus drôle, c'est que certains obstacles du jeu (genre des murs de 20 cm d'épaisseur) ne peuvent être détruits que par le Kaméhaméha, donc on se retrouve à le spammer 20 fois par niveau juste pour casser des murs ou des rochers, ça donne vraiment l'impression que Goku n'en a plus rien à foutre et utilise une arme quasi-nucléaire pour tout et n'importe quoi.
La musique du jeu est oubliable voire irritante, on a toujours l'impression d'entendre les 3 mêmes mélodies tout du long. Bon point en revanche pour l'intro, qui reprend le premier opening de Dragon Ball avec le délicieux son compressé de la DS, j'adore !
Un dernier mot sur le scénario, qui aurait peut-être gagné à être moins fidèle au manga et à inverser les arcs de Pilaf et du tournoi des arts martiaux. Parce qu'en l'état, on affronte le grand méchant deux chapitres avant la fin, ce qui est une narration qui colle mal à un jeu vidéo. Je n'aurais pas non plus craché sur un niveau bonus où on contrôlerait Goku sous sa forme de singe, mais bref.
DB Origins est loin d'être parfait, mais il est assez rafraîchissant dans son traitement de la licence. L'écriture et les graphismes font ressortir le côté humoristique de la série, et j'apprécie !
C'est vraiment dommage que son rythme soit aussi mal branlé. Je peux pardonner l'exécution bancale des contrôles, mais les niveaux chiants et interminables, c'est déjà moins réjouissant. Difficile de le recommander si vous n'êtes pas fan de la licence ET très attaché à la DS et à son écran tactile.