Bien que je doute que cette critique inspire les foules et l'audience du site -entre-autre parce que ce jeu date d'une autre époque vidéoludique- il y a tellement de choses à en dire que je me sens légitimement obligé d'expliciter ma note à travers un bon gros pavé de texte. Oui, je suis comme ça moi.
Rien qu'au lancement de ce second opus, il y a déjà tellement d'éléments à noter. Le premier concerne probablement mes attentes, hautement placées suite au premier opus que je trouvais particulièrement juste dans son propos, long, osé au niveau de la bande-son et d'un scénario bien moins manichéen que ce qu'on aurait instinctivement pu en penser. C'est donc l'esprit serein que je me suis lancé dans cette suite. Après, tout, avec une telle base, qu'est-ce qui pourrait aller mal ?
Les premières heures de jeu vont aisément répondre à cette question. Je serais tenté de dire que cette réponse se résume en "tout", mais ce serait quand même devenir un vieil aigri médisant et fermé au changement. La vérité, c'est que malgré des qualités plastiques et un contexte de jeu original, la sauce ne prend pas, probablement la faute à des séquences d'infiltrations bancales au level-design franchement douteux. Je vous épargne au age mon avis sur le chara-design de ces séquences, au risque de devenir virulent verbalement.
La tentation serait dès lors forte face à la désinstallation du jeu. Après tout, ce n'est jamais qu'un clic de souris. Mais pour ceux qui survivront à ces premières heures, pour ceux qui iront un cran plus loin, la surprise pointera vite le bout de son nez. Car une fois de retour dans des environnements davantage en phase avec l'esprit de la série, une fois de retour dans un scénario plus cohérent et balisé (le prologue étant particulièrement bordélique), l'essence Lords of Shadow s'immisce progressivement dans l'expérience de jeu, qui en devient plaisante. Exit l'infiltration miteuse, exit les environnements froids et cubiques du monde moderne, et bienvenue l'art gothique, les musiques orchestrales et les panoramas gargantuesques.
Malheureusement, le jeu vous fera osciller entre ces deux types de phases, et, par conséquent, le plaisir de ces phases à l'ancienne se substituera régulièrement avec ces temps de jeu modernes et dépossédés d'une quelconque identité. Néanmoins, plus le temps e, plus ces phases se bonifient, au point que certaines d'entre-elles frôlent l'excellence.
A l'instar du premier opus, le jeu parvient finalement à proposer une aventure variée, scénarisée et ponctuée de boss impressionnants. Certes, la qualité du produit demeure plus fluctuante que chez son grand frère, mais le feeling global -une fois les 12 heures de jeu terminées- reste globalement positif. Quel dommage cependant de finir une telle remontée en estime par un final si médiocre et pathétique. Rien n'est résolu, alors que le jeu offrait une toile sur laquelle une réflexion pertinente sur la religion et les mythes paraissait pouvoir se peindre. Quel dommage de voir ce scénario s'achever sur du vide, là où le premier opus osait prendre des risques inconsidérés.
Cet opus parvient donc à sauver les apparences, malgré un début -au mieux- ennuyant, et l'aventure finit par atteindre un degré de cohérence pourtant pas si évident à obtenir, étant donné les nombreux voyages entre un é flou et un présent incertain. Ceux ayant apprécié le premier jeu devraient trouver leur compte pour peu qu'ils aient un minimum de résilience.