Je vais vous faire une confidence qui vous paraîtra sûrement anecdotique mais qui prouve combien Banjo-Kazooie a toujours été un jeu culte pour moi. Cette confidence c’est celle d’un rêve que je faisais souvent étant gosse, un rêve dans lequel j’évoluais dans un dédale étrange qui ressemblait fortement au repère de Gruntilda, et alors je découvrais avec une joie immense un age secret (souvent dans un renfoncement sous l’eau). Ce rêve éveillait en moi un sentiment de nostalgie mais aussi d’émerveillement, celui de découvrir une porte secrète que je n’avais jamais vue jusqu’alors. Ces sensations étaient directement liées à celles que je ressentais en circulant dans les dédales de Banjo Kazooie, où chaque couloir, chaque renfoncement était gardien d’un secret que seule une quête pouvait révéler. Peut-être qu’il y a un peu de Zelda aussi dans ce rêve. Enfin, peu importe, l’essentiel c’est de rappeler que ces jeux ont marqué mon esprit. Des jeux où l’exploration n’était pas une fin mais un moyen en ce sens qu’elle ne servait pas seulement à irer des décors ou à grappiller une poignée d'éléments futiles mais servait pleinement l’aventure et obligeait le jeune joueur à s’investir dans son univers. Beaucoup ont connu ça avec les Final Fantasy, moi c’est avec les titres phare de la N64.
Alors en jouant à Banjo-Tooie aujourd’hui, j’avais peur de ne pas retrouver ces sensations et de me dire qu’au final elles n’étaient que le fruit de ma nostalgie. Erreur. Être autant émerveillé par un jeu en le découvrant seize ans après sa sortie est bien la preuve que la nostalgie n’est pas en cause mais bien la qualité du dit-jeu.
Banjo-Tooie entretient le même lien avec Banjo-Kazooie que Zelda Majora’s Mask avec Ocarina of Time. Les deux jeux sont des suites objectivement meilleures que leurs prédécesseurs, et ceci sur tous les plans, mais elles sont aussi plus difficiles. En somme, les deux sont des suites conçues pour ceux qui connaissent déjà le premier volet. Et c’est pourquoi les items et les mouvements ne sont pas réexpliqués (plumes, œufs, plate-formes de vol et de saut, baskets, bottes etc…) car de nouveaux font leur apparition et le joueur est déjà censé connaître tout ça. Ainsi le jeu est une sorte de surenchère. Plus de mouvements, plus d’items, plus de personnages (Mumbo + Humba), plus de collectibles (Jinjos + Avéoles + pages de Cheato + Glowbos), la seule chose qui soit réduite, le nombre de niveaux, se trouve finalement compensée par une augmentation de sa taille : les niveaux sont de véritables dédales dans lesquels on se perd, si bien qu’il a fallu aux développeurs imaginer des plateformes de téléportation évitant aux joueurs des kilomètres de déplacement.
La difficulté vient de là. Des niveaux grands qui exigent toujours une bonne heure d’exploration avant de s’y activer, mais surtout des missions qui s’étalent sur plusieurs niveaux et qui ne peuvent être résolues qu’en pratiquant une exploration attentive. Nous y voilà donc. Ce que j’aimais dans les jeux de mon enfance est ici au centre du gameplay. La patience, l’investissement, l’exploration, le mystère, le coffre fort que tu vois derrière la vitre et que tu penses ne pouvoir jamais atteindre, et voilà qu’un jour tu tombes sur un tunnel bien caché sous l’eau qui t’y mène. Au-delà de ça, Banjo-Tooie reste un jeu de plate-forme aux défis variés, au level design parfait, graphiquement au top pour un jeu de N64 sans expansion pack. Le seul petit bémol : la musique correcte mais moins efficace que dans le premier volet, mais c’est si peu au regard du reste. Banjo-Tooie est un jeu de plate-forme-aventure parfait qui, à ma connaissance, ne connaît pas de meilleurs concurrents, seulement des imitations.
Le meilleur jeu de plate-forme toutes générations confondues ? Peut-être.
En tout cas je vous invite à y jouer, même 16 ans après sa sortie.