Kitano, dans l'un de ses revirements stylistiques qui en font l'un des créateurs de formes les plus ionnants du moment, nous propose cette fois un simple divertissement (presque un film commercial...!) où il assaisonne une série à succès avec ses ingrédients coutumiers : ultra-violence froide en flashs fulgurants, humour slapstick, respiration sereine du plan laissant toujours la possibilité à d'autres images d'exister au sein du film. Le meilleur dans ce polar historique, qui essaie - assez vainement - de citer Kurosawa, est quand même la peinture tendre d'un transsexuel ayant appris à s'aimer en femme... Kitano confirme en outre qu'un film de commande, plutôt "impur" à force de mélanger les genres, peut laisser un souvenir inoubliable au spectateur, en particulier grâce à une dernière scène de pure jouissance cinématographique, qui laisse le spectateur ivre de bonheur. En tout cas, on sent que Kitano, loin de ses habituelles mises en scènes du vertige, est ravi de filmer des combats stylisés où le sang ressemble aux bulles gracieuses d'un manga... [Critique écrite en 2003 et en 2004]