Qu'obtient-on si l'on propose à Terrence Malick de mettre en scène le The Witch de Robert Eggers ? Le produit de ces deux esthètes aux spectres opposés ne devrait pas être si différent de ce You Won't Be Alone qui s'enfonce dans le folklore macédonien avec une ambiance toute aussi malsaine que poétique. Le cadre au format 1.44, et les consonances étrangères du langage archaïque du pays - exclusivement - installent cette histoire d'une jeune fille captive, élevée par une sorcière polymorphe accablée par la solitude. En se libérant de son joug, elle fait alors l'expérience de différentes étapes de la vie et des interactions sociales, en pleine découverte de ses capacités à se transformer. Le réalisateur Goran Stolevski établit un premier film chargé d'authenticité, dont l'atmosphère envoûte de par sa fragilité sublimée par les compositions liturgiques. La mise en scène, très aérienne à travers la nature, est en parfaite adéquation avec la narration off doucereuse de la jeune femme, sachant également assumer des séquences viscérales plus glauques. Les acteurs successifs (dont Noomi Rapace et Carloto Cotta) excellent dans leurs interprétations agères, retranscrivant toute la beauté intimiste et sauvage de cette œuvre humaine magistrale.