Créés en 1963 par Stan Lee et Jack Kirby, les X-Men de mon enfance réunissaient de joyeux super-héros ; Cyclope, Strange Girl, le Fauve, Angel, Iceberg, rets par Tornade, le Hurleur, Colossus et tant d’autres ; dont les ardeurs juvéniles étaient plus ou moins encadrées par le sage Charles Xavier. Masqués, ils portaient de seyants costumes moulants noirs et jaunes frappés d’un X noir. Heureuse époque où le pouvoir et le peuple américains acceptaient l’existence des surhommes et ne se préoccupaient guère des dommages collatéraux de leurs combats.
The times they are a-changin’ : Les séries plus récentes, qui donneront matière à la franchise confiée par Marvel à la 20th Century Fox, sont incomparablement plus sombres. Dans l’incapacité de contrôler leurs pouvoirs, les politiques aspirent à emprisonner les mutants, voire à les détruire. Contraints à se cacher, les plus belliqueux d’entre eux ont ret Magnéto qui, en bon darwinien, estime que l’humanité ancienne est condamnée à laisser sa place à la nouvelle race. Rivalité mimétique oblige, les deux partis montent aux extrêmes et communient dans la haine et le pathos. Magnéto a connu la shoah. Il a vu assassiner ses proches et entend bien prévenir le prochain génocide, quitte à provoquer le sien. Ironie de l’histoire, le professeur X est le seul à pouvoir l’en empêcher, mais aussi l’unique à pouvoir, par ses pouvoirs télépathiques, anéantir sélectivement l’un ou l’autre camp.
X-Men : Apocalypse est neuvième film de la série, le quatrième signé par Bryan Singer et le troisième du reboot. Les acteurs ne déméritent pas, mais le scénario est truffé d’incohérences, les effets spéciaux sont laids et le montage d’une abyssale platitude. Que sauver d’un tel naufrage ?
• La séquence d’introduction : l’inventive mutinerie de la garde égyptienne.
• La scène qui nous révèle, en incise gratuite et totalement hors propos, des éléments du é de Logan/Wolverine. Hugh Jackman étant le seul acteur à avoir conservé son rôle malgré le reboot, son apparition est un tribut à son fan-club.
• L’intervention burlesque et désormais rituelle, sur Sweet Dreams d’Eurythmics, de Peter Maximoff/Vif-Argent.
Soit quinze minutes.
• Comme tous les jeux vidéo, la qualité d’un Marvel est intimement liée à la puissance du boss à abattre. La mission de Sabah Nur/Apocalypse est de tout détruire. Il recrute trois mutants, Ororo Munroe/Tornade/Cavalière de la Famine, Warren Worthington II/Angel/Cavalier de la Mort, Psylocke/Cavalière de la Pestilence, rets par Magnéto/Cavalier de la Guerre. Pourquoi dénucléariser la planète ? pourquoi jouer avec les métaux et la tectonique des plaques ? alors qu’il compte anéantir l’humanité d’un coup de Cérébro ?
• Alex Summers/Havok est tué comme par mégarde, sa mort ne dégage pas la moindre émotion, rassurez-vous, rien n’est définitif chez Marvel.
• Plus grave, le profil psychologique de Magnéto m’inquiète. Le « super méchant » voit sa femme et sa fille unique tuées sous ses yeux. Décidé à se venger, il ret le clan d’Apo, qu’il trahira pour se réconcilier avec Xavier et le quitter sur une ultime boutade amicale. Il y a quelque chose de pourri au royaume du Professeur X.