Brad Pitt, portée ONU

J'ai décidé de changer.
Ne comptez plus sur moi pour démonter du bollockbuster ©* en usant de procédés faciles.

Par exemple, je ne m'appuierai pas sur les multiples incohérences grotesques et flagrantes pour essayer de vous prouver que WWZ est un truc s'inscrivant dans la ligne infinie des gros budgets récents sans queue ni tête. Tout enfant de plus de 10 ans (je ne vous parle pas des plus jeunes, qui pourraient avoir peur en voyant le film) les remarquera sans coup férir et pourra en faire le catalogue à la sortie de la séance pour faire rire les copains.

(je ne résiste pas cependant à vous citer ma préférée, la première, qui arrive très très vite dans l'histoire, et qui a su toucher mon vieux coeur de père de famille muni d'un permis de conduite et l'objet qui va bien avec. On reconnait un (super) héros à sa capacité de sortir d'une ville totalement embouteillée et cernée de barrages militaires en camping-car en moins de 3 secondes. J'ire encore plus Brad à présent et ne pourrai plus le regarder qu'avec des petites étoiles dans les yeux, humides et iratifs).

Je ne reviendrai donc pas non plus sur la capacité stupéfiante des scénaristes "modernes" de se tirer des balles dans les pieds toutes les dix minutes (c'est à dire introduire des incohérences absolument gratuites), ça aussi, ce serait du réchauffé.

Inutile de penser que je pourrais pointer du doigt des effets spéciaux un poil cheap quand il s'agit de faire de la surenchère de montagne de zombie, hurler contre la réalisation épileptique et convenue des scènes d'actions, regretter que le thème du mort-vivant n'apporte rien de bien nouveau, que comme d'habitude le film ne fait pas peur mais juste sursauter, qu'il n'y a donc ni contenu horrifique, ni politique, ni réellement cinématographie, au fond, et toutes ces sortes de choses.

CAR NON, JE NE SOMBRERAI PAS DANS UNE TELLE FACILITÉ.

Cette fois, je vais me concentrer sur le bon. Ne me demandez pas pourquoi.
J'étais sans doute de bonne humeur.

En fait, y a un truc pour expliquer ça. Chaque fois que m'assoie dans une salle obscure à côté de Kenshin, je me sens léger. Guilleret. Primesautier. Badin. J'ai l'âme rieuse.
J'aime l'entendre frémir quand un zombie surgit à l'écran. Pouffer (oui, Kenshin pouffe. Mais Kensin tousse aussi, Kenshin tonne, parfois) quand un éphémère héros se prend les pieds dans la erelle d'un gros porteur. S'émouvoir quand une jeune fille réclame un câlin de son papounnet. Montrer du doigt un assemblement de barils qui aura échappé au regard du spectateur distrait, pour anticiper une explosion formidable.
Bref, proche de Pikachu-fait-homme, j'ai une humeur d'enfant espiègle.

Je ne retiendrai donc que le fun, l'inattendu, le bonnard. Car il y en a.

Le spécialiste en virus, d'abord: discours surprenant, destin stupéfiant.
La placement de produit. Y a des fois c'est tout mal fait, mal assumé, mal branlé. Là, c'est flamboyant, ostentatoire, presque punk.
Les zombies, tellement typés que, plusieurs fois, au moment où la salle aurait pu se crisper de terreur, elle préféra éclater d'un rire joyeux et communicatif.
Bicher quand le héros décide de faire péter une grenade dans un avion en plein vol.
Kiffer grave ma race (merde, ça y est, je suis allé voir le film avec plein de jeunes, dont mon plus grand fils, et ça déteint) quand Brad le demi-dieu (faut qu'il fasse gaffe à pas trop se TomCruiser quand même) trace sa route dans le couloir de la mort en arborant le dixième-de-sourire du "même pas peur".
Me demander, enfin, si les téléphones satellites n'ont pas de mode vibreur.


Non, y a pas.
Le meilleur mauvais film d'action de ces dernières années.
C'était trop bien!

4.



* http://sens.sc/1379RWb
4
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le 4 juil. 2013

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guyness

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