Récompensé par le prix Un Certain Regard à Cannes en 2014, White God s'inspire des propres sentiments de culpabilité du cinéaste Kornél Mundruczo envers le traitement infligé aux animaux dans notre société, ainsi que du roman Disgrâce de Coetzee.
Clairement scindé en deux parties, White God s'ouvre sur une séquence de toute beauté, aussi impressionnante que magnifique, annonçant un cauchemar qui n'arrivera que tardivement dans le récit, progressivement. Dans un premier temps, le film s'attarde sur le parcours parallèle de deux êtres peu adaptés au monde qui les entoure, deux outsiders évoluant comme ils peuvent dans le monde des adultes.
Une relation émouvante entre une gamine et son chien, qui sera au coeur d'un long-métrage extrêmement sévère envers la société actuelle, les institutions, et surtout envers ces bipèdes se croyant tout permis sous prétexte qu'ils sont plus forts et plus évolués. Un regard dur et pas toujours très subtil, manquant clairement de nuance même si le cinéaste a le mérite d'ouvrir le débat sur la tendance qu'à l'homme à tout s'approprier sans jamais se remettre en question.
Handicapé par quelques longueurs et une bande-son parfois envahissante, White God touche cependant juste quand il se met à hauteur d'enfant ou de chien, quand il stabilise enfin la caméra pour narrer son histoire de révolte qui n'est pas sans rappeler la tétanisante Nuit des enfants rois ou le bouleversant The Plague Dogs. Doucement mais sûrement, Kornél Mundruczo va orienter son film vers une dernière partie tendue et techniquement incroyable, illustrant une revanche canine comme jamais vu auparavant.
S'achevant sur un final certes naïf mais apte à vous coller des frissons dans sa relecture toute personnelle du Joueur de flûte de Hamelin, White God est une oeuvre imparfaite mais sacrément ambitieuse. Une dénonciation en règle qui marque durablement la rétine par la poésie de certains plans et qui bénéficie d'un travail incroyable de dressage, aucun chien numérique ne venant parasiter la vision dantesque du cinéaste.