White God par Gilles Da Costa
White God est un film ambitieux, peut-être trop ambitieux. A la fois parabole sur la lutte des classes, drame social, récit initiatique, film d'invasion à tendance horrifique, son réalisateur court plusieurs lièvres à la fois sans vraiment parvenir à en attraper un.
Après une très belle scène d'introduction à la mise en scène impeccable, laissant présager une fable poétique et ambitieuse, le metteur en scène Kornél Mundruczó ne parvient malheureusement jamais à égaler ce pic d'intensité. En effet, malgré une idée de base intéressante et une maîtrise formelle indéniable, les différents éléments de son univers prennent trop de temps à se mettre en place et le film semble chercher sa propre dynamique durant un premier acte laborieux.
L'entreprise décolle véritablement lorsqu'elle se borne à décrire les trajectoires parallèles de Lili et de son chien. Alors, White God retient notre attention en s’intéressant à la mutation progressive de ces deux personnalités malléables au de mondes qu'elles ne connaissent pas. Filmé comme un personnage à part entière, humanisé, le chien Hagen devient alors l'axe central autour duquel tourne l'histoire, et sa descente aux enfers fascine autant qu'elle révulse. Pourtant ce calvaire, aussi brutal soit-il, ne suffira pas à nous faire ettre la plausibilité de ce qui va suivre.
Car, dans son dernier acte, White God prend un virage serré, celui de l'invasion animale. Le film adopte alors soigneusement les codes du film d'horreur mais ne parvient jamais à convaincre, faute d'une mise en scène présentant les chiens comme une menace crédible. C'est peut-être d'ailleurs cette frilosité, cette peur de l'excès, qui rend ce retournement de l'animal contre son maître si artificielle, et les réactions des personnages humains si disproportionnées. White God aurait gagné à être plus radical, plus traumatisant, pour imposer son propos.
Reste tout de même une très belle scène finale, quelques jolies idées de mise en scène et une histoire singulière sortant des sentiers battus, mais au final White God peine à convaincre. La faute à un manque de cohérence global et à des aspirations démesurées.