When the light breaks se déroule en 24h, d’un lever de soleil à un autre. Une journée d’une dramatique densité, durant laquelle la jeune protagoniste, l’œil toujours rivé vers l’horizon de sa vie à venir, va expérimenter l’amour, le deuil, le silence forcé et quelques fragments de libération.
Le silence est au cœur du récit : Una n’était pas encore la compagne officielle du garçon avec qui elle était en couple avant que celui-ci ne disparaisse brutalement. L’arrivée de sa petite amie, avec laquelle il prévoyait de rompre, occasionne ainsi un transfert de deuil au yeux de la communauté, qui isole Una dans un rôle de figurante. Le film, sur une ligne ténue, suit donc cette jeunesse à l’épreuve de l’inenvisageable, au cœur d’un improbable mélange des genres où la paralysie du deuil se cogne contre les élans propres à cet âge : la danse, le chant, les convictions, la rébellion contre le système et, surtout, une sensibilité exacerbée face à la beauté du monde.
Rúnar Rúnarsson joue donc, sur 80 minutes, de la condensation et des contrastes. La beauté de la nature islandaise, loin d’être exploitée comme une carte postale, s’expose par trouée violentes avant de s’effacer derrière les constructions minérales et le primat accordé aux façades de verres, occultant régulièrement la vue. Puisqu’on ne demande pas son avis à Una, cette dernière se contente de suivre le groupe fracassé par la douleur, et de laisser, au gré des alcôves, de l’alcool ou de conversations annexes, surgir le trop plein d’émotions. Étudiante en art, elle a néanmoins à sa disposition certaines voies de traverse pour s’exprimer, d’autant qu’elles se confrontent au scepticisme de la petite amie officielle qui y voit une forfanterie. Rúnarsson dresse ainsi un portrait de groupe où la fête, le déguisement (de nombreux étudiants croisés portent des vêtements grotesques), jouent un rôle déterminant, comme s’il s’agissait de révéler la vaine quête de l’authenticité dans un monde de faux semblants.
Pourtant, par le silence et la complicité croissante, une certaine vérité pourra naître avec l’aube suivante. À la faveur d’une très belle scène où l’on s’initie à un vol stationnaire, par la simple contemplation d’une architecture en contre plongée, Una laisse entrevoir un autre rapport au monde, où la douleur et la beauté peuvent entonner de nouvelles mélodies.