Avec Walk Away Renée, Jonathan Caouette semblait vouloir retrouver l’alchimie miraculeuse de Tarnation. Malheureusement, ce second voyage dans ses souvenirs familiaux se révèle moins comme une plongée vertigineuse que comme une redite brouillonne, où l’émotion brute peine à masquer les failles de la construction.
Le point de départ est fort : filmer le déplacement de sa mère malade pour la placer dans une maison de soins spécialisée. Mais cette matière première, poignante en soi, n’est jamais véritablement transcendée. Plutôt que de tisser une progression, Caouette semble accumuler les états d’âme et les images stylisées sans véritable direction. L’émotion est là, oui, mais elle tourne vite à vide, faute d’une narration claire et maîtrisée.
Le style visuel, marque de fabrique du cinéaste, finit par devenir contre-productif. Superpositions, montages éclatés, effets sonores : à force de vouloir "faire cinéma", Walk Away Renée s’éloigne de la sincérité brute qu’il cherche pourtant à atteindre. Ce maniérisme donne parfois l’impression que le réalisateur tente de compenser le manque de substance par une surenchère formelle, ce qui, à terme, épuise plus qu’il ne captive.
Le film reste extrêmement personnel, mais c’est peut-être là son principal écueil : il ne parvient jamais à élargir son propos, à toucher à quelque chose de plus universel. En restant enfermé dans son propre monde, Caouette empêche le spectateur de vraiment s’approprier l’histoire, créant une distance là où il voudrait créer de l’empathie.
Au final, Walk Away Renée laisse un goût d’inachevé, d’occasion manquée. Touchant par moments, lourd et déséquilibré à d’autres, il ne réussit pas à transformer son matériau brut en une expérience de cinéma véritablement aboutie. Ma note de 5/10 traduit cette impression d’avoir été ému, parfois, mais souvent frustré par un film qui semble se chercher sans jamais vraiment se trouver.