Résumé
Un film très touchant sur la vie de jeunes jurassien·ne·s. Un très bon dosage entre subtilité, mise en valeur esthétique et prise de position pertinente.
Détails (et spoilers)
D'entrée et à de nombreuses reprises, la réalisatrice posera son regard sur des moments de sociabilité rurale pour mieux nous immerger dans la belle campagne franc-comtoise. Sans cliché, ni ridicule, ces scènes se contentent bien souvent de nous montrer des pratiques sociales à la fois répandues dans les environnements similaires, mais relativement peu projetés en salle.
Sans parler de neutralité, la réalisation reste subtile, ne cherchant jamais à nous forcer le regard. Cette méthode n'empêche aucunement de faire émerger des thématiques très intéressantes, qu'il s'agisse de l'alcoolisme, de la parentalité, du virilisme, mais aussi d'une vision de l'amour et de l'amitié éloignée des stéréotypes dominant le grand écran - bien que l'on pense également au très bon Chien de la casse en voyant ce film. Car Totone et sa bande ne sont pas du genre à s'épancher, préférant faire parler les poings ou usant de l'humour potache comme parade à un dialogue trop intrusif.
Louise Courvoisier parvient à nous faire ressentir le poids des responsabilités qui accablent Totone, notamment suite au décès de son père, mais plus globalement toute la dureté d'une rude vie de jeune paysan. Rendant toutes ses maladresses pardonnables et déclenchant un attachement authentique pour Totone, et pour ses pairs.
Il n'y a pas besoin de grandes envolées musicales ou de scènes larmoyantes pour nous toucher, tant la mise en scène réussit à faire émerger de la subtilité permanente une forme de tendresse indicible. Ce qui n'est pas sans lien avec les rapports entretenus dans les groupes sociaux évoqués, donnant ainsi à voir toute la richesse de l'écriture.
Le propos sur la masculinité des jeunes ruraux est d'ailleurs d'une grande pertinence là encore, tant sur leur rapport à l'amour, au sexe, que dans leur amitié. La fin du film est d'ailleurs là pour en témoigner, tant les dernières scènes évoquent quasiment sans mots l'amitié de Totone et Jean Yves, et la relation entre Totone et Marie-Lise. Ou comment s'aimer sans jamais réussir à vraiment se le dire.
9.75/10