Je ne pensais pas écrire ça mais oui "Vers un avenir radieux" est le film de la semaine qui m'a rendu le plus heureux, qui m'a offert le plus d'émotions, sur tous les registres. J'y suis allé sans grande attente, parce que le dernier "Mia Madre" plutôt que le donneur de leçons. Et aussi parce que le relatif anonymat avec lequel le film a traversé Cannes me laissait craindre un cru mineur.
C'est donc à ma grande surprise que j'ai retrouvé le grand Moretti, le désenchanté, le politique, le lucide, le naïf, l'énervé, et bien entendu l'amoureux fou de cinéma. A bientôt 70 ans il ose tout, comme débarrassé de la peur du « Qu'en-dira-t-on », jusqu'à la comédie musicale volontairement éculée avec ses numéros chantés et dansés ou ce défilé final qui donne tout sons sens au titre.
On sent un plaisir juvénile à jouer avec les genres, à rire de sa propre image, de son égocentrisme, à parler sans cesse de la fin, des idéaux, de l'amour, du cinéma, pour mieux démontrer l'inverse une scène plus loin. Il joue aussi de la mise en abyme, qui n'en est quasiment pas une, les deux films se rejoignant, scénaristiquement et philosophiquement, en permanence.
Moretti a toujours débattu au sein de son œuvre d'éthique et d'esthétique, et ici plus que jamais, convoquant Zeller pour bien signifier que le combat ne se situe pas entre ancien et nouveau mais bien entre art et industrie.
Et puis il y a le Nanni nostalgique, celui qui aime aime Margherita Buy.
Mais attention ici nostalgie ne rime jamais avec aigreur ou éisme, beaucoup d'indices sont là pour nous rappeler, comme un petit couple semblant sorti d'une romance hollywoodienne qui rappelle que l'avenir peut être radieux. Et celui du cinéma de Moretti le sera tout autant s'il garde cette jeunesse, cette forme d'innocence retrouvée. En un mot cette générosité, trait de son caractère qui ne m'avait pas sauté aux yeux jusqu'ici...
Ma che cazzo