S'il fallait résumer en une phrase ce qu'est ce Vendredi 13 : Chapitre 5, je serais tenté de dire que c'est une sorte d'énorme boucherie dont l'entrée serait interdite au spectateur.
Les meurtres s'enchainent (j'en ai compté 20, un record pour la série), et ils s'enchainent tellement qu'on se demande même qui s'est fait tuer par moment. En fait, le bodycount est tant élevé que certaines morts ne sont même pas montrées à l'écran… en fait non, je vais reformuler : aucune mort n'est montrée à l'écran. La censure ayant tout fait pour en montrer le moins possible, on se retrouve très souvent à voir une arme se lever, entendre la victime crier et… fin. On n'est pas si loin des morts des projectionnistes dans La Cité de la peur tout compte fait, ce Vendredi 13 arrivant, de surcroit, à être drôle malgré lui. Dans les autres cas, les protagonistes découvrent juste un cadavre qui sort de nulle part, généralement l'un des nombreux personnage secondaire que l'on a vu 10 secondes grand max à un moment donné.
D'ailleurs, en parlant des personnages secondaires, le film en a une tétra-chiée… on n'atteint pas un bodycount de 20 sans avoir autant de personnages nuls de toute façon. Je ne sais pas quel est mon préféré entre le sosie de Jacques Villeret qui, forcément vu qu'il est gros, ne pense qu'à bouffer et à poser ses doigts pleins de chocolats partout ; la mère attardée qui e son temps à cuisiner des ragouts pour son fils encore plus attardé qu'elle ; le brancardier psychopathe… et l'autre brancardier psychopathe… ah oui, j'oubliais, Jason n'est pas présent dans ce film : le coupable est un brancardier qui a pété un câble après avoir vu le cadavre de son fils au tout début du film. Ridicule.
Pour rappel, cela fait de ce Vendredi 13 chapitre 5 le second film de la saga dans lequel Jason n'est pas le meurtrier.
On peut aussi déplorer le peu de temps qu'apparait Corey Feldman à l'écran… et là, pour le coup, ce n'est pas la faute des producteurs ou des scénaristes s'il apparait aussi peu. L'acteur devant à l'origine apparaitre bien plus souvent et même être l'antagoniste de cet épisode. M'enfin, tant mieux pour lui, Spielberg ayant d'une certaine manière sauvé le bonhomme en l'envoyant sur le tournage des Goonies. On peut tout de même remercier Corey pour avoir tourné une scène dans son jardin un dimanche (cette anecdote est vraie) avant d'être reparti sur le tournage de son autre film… même si son intervention n'est pas des plus pertinentes, loin de là.
La version ado de Tommy Jarvis, interprétée par un John Shepherd absolument pas convaincant, ne sert quant à elle absolument à rien tant le personnage brille par son absence et son inutilité. En plus de se réveiller seulement pour la mort du pseudo-Jason, il ne prononce que 24 putains de mots durant tout le film… un exploit !
On pourrait arguer que le film a plus été une victime de Spielberg et de la MPAA qu'autre chose… et c'est un peu le cas, c'est vrai. Il faut tout de même reconnaître au film de changer un peu par rapport aux autres épisodes de la série. M'enfin, le scénario reste perrave, la mise en scène l'est tout autant (on a droit à quelques travelings compensés balancés gratuitement), 90 % des meurtres n'ont aucune saveur, l'absence de Tom Savini se faisant sentir plus que jamais (j'ai quand même aimé le coup de la torche dans la bouche je l'avoue). Danny Steinmann, le réalisateur du film, serait davantage connu pour ses films pornographiques, si bien qu'il n'aurait pas été loin de tourner du porno lors de certaines des scènes de ce Vendredi 13… m'enfin, encore une fois, que ce soit pour le sexe ou pour la violence, la censure a parlé et rien ne transparait. Dommage ?…
Bref, ce cinquième chapitre de Vendredi 13 est une expérience vraiment bizarre, ne ressemblant à aucun autre film, si ce n'est à rien du tout… et c'est peut-être même ça qui fait sa force quand on y pense. Bon après ça n'en fait pas un bon film pour autant, faut quand même pas déconner non plus.