Réalisé avec une année d'intervalle entre les deux classiques Frankenstein (1931) et L'homme invisible (1933), La maison de la mort est devenu au fil du temps un classique du genre pré-gothique, ou plutôt, des genres, tant celui-ci magnait déjà avec brio, quitte à froisser le public étasunien de l'époque encore peu habitué à ce mélange, le drame, l'épouvante et l'humour noir.
Cinquième long métrage dirigé par James Whale, celui-ci se distingue, comme le laisse suggérer son titre originel français Une soirée étrange, par son atmosphère teintée d'angoisse et de folie latente. Lieu de refuge pour ces naufragé.e.s de la route perdu.e.s sous une pluie diluvienne, la maison de leurs hôtes est une demeure hantée, non par des revenants et autres créatures surnaturelles, mais par ses occupant.e.s bien vivant.e.s, les Femm. De cette maison métaphore de la folie héréditaire des Femm, James Whale en limite volontairement l'accès au public, laissant libre court à son imagination, avant l'apparition des autres membres de cette famille dysfonctionnelle, du patriarche Sir Roderick Femm (interprété par l'actrice Elspeth Dudgeon afin d'ajouter encore un peu plus de trouble) à Saul Femm (Brember Wills), qui est enfermé dans sa chambre, car accusé par les autres membres de la famille d'être fou.
Le scénario de Benn W. Levy et R. C. Sherriff prend le parti d'en dévoiler peu, par vignette, au gré des interventions des divers personnages, dont le terrifiant Morgan joué par Boris Karloff. Ivrogne incontrôlable à la brutalité non feinte, ce majordome, au service supposé des Femm, n'est toutefois pas la menace principale qui rode sur la maison. Soufflant le chaud et le froid, l'histoire alterne ainsi terreur et ambiance sinistre, avec des moments plus légers telle l'apparition de Sir William Porterhouse (Charles Laughton), dans son premier rôle dans un film hollywoodien. Plus intéressant et témoignage d'un film produit lors du Pre-Code, la présence de Gladys (Lilian Bond), amie entretenue par ce noble parvenu qui va tomber amoureuse du jeune vétéran pince sans-rire Penderel, est en opposition aux comportements puritains de Rebecca Femm, dont Margaret Waverton en fera les frais lors d'une scène quasi hallucinatoire dans la chambre de la vieille femme.
A (re)découvrir.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2021/01/cronico-ristretto-la-maison-de-la-mort.html