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Sous le signe du fascisme

Rome, 8 mai 1938 : Mussolini et Hitler se rencontrent. Presque tous les romains ont déserté leurs habitations pour pouvoir assister à la cérémonie, sauf dans un grand immeuble où Antonietta, mère d'une famille nombreuse, reste à la maison pour s'occuper de différentes taches. Un autre habitant est resté dans l'immeuble, un intellectuel homosexuel italien viré de la radio...

Ettore Scola nous emmène d'abord au cœur de la famille d'Antonietta, dans le cadre d'une famille nombreuse avec six enfants et un mari machiste ainsi qu'un fascisme entré dans les mœurs et le mode de vie. Puis peu à peu il met en scène la rencontre entre deux personnages en marge de cette société et se concentre sur le drame intime vécu par ceux-ci.

Scola fait preuve d'une justesse incroyable pour faire ressortir toute l'émotion de cette rencontre et des deux personnages, où d'abord ils sont opposés avant de se rapprocher. Bénéficiant d'une écriture de qualité (tant dans les personnages que les dialogues), ils sont rendus ionnants, tout comme leur évolution, de par leurs enjeux et le cadre de vie. Leur confrontation est retranscrite avec émotion, sensibilité et justesse, sans jamais que Scola ne tombe dans l'excès ou du sentimentaliste mal venu et il mêle à merveille ce drame déchirant avec le cadre du fascisme.

Malgré le fait qu'il braque sa caméra tout le long sur les deux protagonistes, le fascisme est omniprésent, que ce soit en arrière plan ou non, à l'image de la radio retransmettant l’événement qui est régulièrement allumée et influe sur les enjeux des deux protagonistes. Tous deux sont tiraillés par leur envie de liberté, que ce soit de penser ou d'agir, et les conditions et contraintes qui pèsent sur eux à cause du régime. Chacun devra faire des choix importants, accepter ou non leur destin et cela Scola le traite de manière intelligente et touchante.

La photographie est sombre, proche du noir et blanc, montrant une société qui ne se rend pas compte de ce qu'elle fait et qui tombe de plus en plus dans l'horreur de ce régime. Scola gère son récit avec brio, sachant prendre son temps pour bien développer ses thématiques et faire ressortir les sentiments des enjeux et personnages. La grande réussite d'Une journée particulière tient aussi sur les épaules de ses deux interprètes, là où Sophia Loren et Marcello Mastroianni retranscrivent à merveille les sentiments et l'évolution de leur personnage, sachant leur donner profondeur et émotion.

Scola nous livre avec Une journée particulière une oeuvre d'une justesse et intelligence rare où il fait ressortir toute la complexité, la pertinence et surtout les émotions de son récit et des personnages, bénéficiant aussi de deux immenses interprétations.

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le 16 sept. 2015

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Docteur_Jivago

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