Une Histoire d’amour et de désir ressemble aux premières productions écrites des étudiants novices : sa maladresse n’a d’égale que les lourdeurs démonstratives qui le composent par l’énumération de références érudites comme autant de refuges où échapper à son sujet. L’entrelacs de l’amour et du désir n’advient à l’écran que de façon mécanique, en témoignent les séquences à fleur de peau durant lesquelles la caméra capte presque en s’excusant le corps de ses comédiens par des gros plans sur un torse dévoilé, sur les perles d’eau ornant un dos ou sur les mouvements de va-et-vient qui occupent la main droite d’Ahmed. En voulant trop étreindre, la réalisatrice Leyla Bouzid étreint mal : le discours politique arrimé aux origines des protagonistes principaux, l’un algérien et l’autre tunisien, se heurte à la découverte universitaire des racines érotiques de la culture islamique, et c’est alors un ébranlement d’autant plus puissant qu’il rejoue la distance qui sépare les deux amants. Une idée pertinente sur le papier, qui peine à s’incarner à l’image sinon par le biais de dialogues explicatifs et d’une exagération dans la représentation de la sensibilité qui la fait aussitôt s’estomper. Dommage.