Quelle pépite que ce Delitto d'amore signé Luigi Comencini : Une histoire d'amour dans le Milan brumeux des années 70 entre Nullo un Lombard et Carmella une jeune Sicilienne. Giuliano Gemma et Stefania Sandrelli y sont véritablement touchants, formant un très beau couple à l'écran.
Beaucoup de sujets abordés par Comencini, à commencer par l'habituelle fracture Nord-Sud en Italie qui met en porte à faux la liaison entre Nullo et Carmella, la faute à deux familles aux différences culturelles et sociales trop importantes, un couple qui porte le poids des discriminations toutes faites.
Le thème de l'émigration des Italiens du Sud vers le Nord y est intéressant car peu évoqué au cinéma, or ici il sert d'intrigue au film. Comencini rappelle le destin douloureux de ces Siciliens et ces Napolitains sans emplois qui ont cherché une vie meilleure dans le Nord qui, par fatalité pour la plupart, se sont retrouvés entassés dans des bidonvilles ou des cabanes comme la famille de Carmella. On peut remarquer des similitudes avec le cinéma de Mauro Bolognini.
Comencini, tout comme Bolognini dans Liberté, mon Amour !, apporte une dimension politique à son film : il y dénonce des conditions de travail misérables pour les travailleurs de l'époque et rappelle l'héritage de Gramsci au sein de la lutte ouvrière italienne, et ce bien des décennies après le décès du fondateur du PCI. De tout cela naît l'aspect tragique du film, à commencer par son titre et sa scène d'ouverture digne d'une tragédie grecque à la règle inversée.
La bande sonore au parfum de mélancolie est signée de l'inimitable Carlo Rustichelli.
Malgré quelques longueurs, Delitto d'amore reste une belle découverte, un autre très beau film de Luigi Comencini. Au age, son affiche est magnifique.