Le laitier et ses cinq filles

Au début du XXe siècle, dans un petit village situé en Ukraine, un laitier voudrait marier ses deux filles ainées, mais celles-ci refusent les arrangements pour choisir ceux avec qui elles veulent convoler. Alors que se profile une menace de pogrom qui pourrait mettre en péril l'harmonie du village.


Créée en 965, la pièce de théatre était un énorme succès, il n'en fallait pas moins à son auteur, Joseph Stein, pour écrire une version cinématographique qui sera là aussi un triomphe, au point d'être le carton de l'année 1971 dans le cinéma américain. J'ai mis beaucoup de temps à me lancer sur ce film pour la bonne raison que sa nature yiddish parfaitement assumée aurait pu me rebuter : or, le récit est d'une formidable limpidité, les trois heures se regardent sans le moindre ennui, et surtout, on ne peut qu'être touché par ce père, joué par Topol, qui discute avec Dieu sur le fait qu'il ne l'a pas rendu riche malgré sa forte croyance en la judéité, qui va peu à peu devenir progressiste devant les arguments de ses filles qui ne veulent pas qu'on leur impose leurs futurs maris, y compris au nom de marchés, mais qu'elles vivent leurs propres vies. Même quand l'une d'entre elles veut épo un homme qui n'est pas juif, ce qui va provoquer une colère chez le père, car c'est vécu comme un quasi-blasphème, mais également une scène magnifique. A ce titre, cet acteur, Topol, qui avait déjà joué le rôle dans la version anglaise au théatre, y est remarquable, car malgré ses galères au quotidien, il garde une joie de vivre, un côté positif qui le rendent humain. Le tout avec une mise en scène d'une grande ampleur, comme si Norman Jewison s'était sublimé.


Il ne faut pas nier le fait que le film est avant tout musical (avec une réorchestration de John Williams, qui gagnera là son premier Oscar), mais au fond, ces moments-là ent tous très bien, car les paroles font avancer l'action, aussi bien dans les moments joyeux que dans les scènes purement dramatique, comme le fameux exode qui ne peut que renvoyer à un conflit qui se déroulera des années plus tard, mais qui sonne déjà comme une persécution des juifs.

On vit avec cette communauté, on souffre avec eux, on s'émeut en leur compagnie, et au fond, peu importe leur religion, leur époque même, car c'est avant une histoire universelle, celle d'un père qui a peur des oisillons qui quittent leur nid. Et c'est en ça que ce film est grand.

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le 6 févr. 2025

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Boubakar

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