La confirmation d'un cinéaste et la révélation d'une comédienne.

Après une comédie romantique attachante comme c'est pas permis (Ma vie en l'air) et une des plus belles chroniques familiales de ces dernières années (Le premier jour du reste de ta vie), Rémi Bezancon confirme qu'il est en e de devenir un des cinéastes les plus intéressants de notre beau pays avec cette démystification en règle de la grossesse. Démystification, oui, car contrairement à ce que laissait présager une campagne marketing à la ramasse, "Un heureux évènement" est tout sauf une comédie (ce qui expliquerai les faibles scores au box-office, en plus de la comparaison inévitable avec le très beau "La guerre est déclarée"). Alors oui, le film n'est pas non plus d'une noirceur totale et nous offre quelques beaux moments (la drague à coup de jaquettes interposées, amenée à devenir culte) mais l'ensemble ne prête pas franchement à sourire. Les clichés abondent certes mais sont tout de même issus d'une réalité bien tangibles et servent toujours le récit. L'image de la sacro-sainte mère virginale en prend un sacré coup, la montrant dans toute sa schizophrénie, ant du rire aux larmes, de l'envie au dégout, de l'amour à la haine. Dans le rôle de cette mère déée par les évènements, Louise Bourgoin trouve le rôle de sa vie. Impliquée, juste, drôle, touchante, irritante, belle comme le jour, elle démontre enfin toute l'étendue d'un talent qui ne demandait qu'à sortir. Face à elle, les autres comédiens ne déméritent pas, à commencer par Pio Marmaï, excellent comme à son habitude et incarnation parfaite du trentenaire encore un peu ado sur les bords et qui devra sacrifier une bonne partie de ses rêves afin de devenir un homme. La mise en scène, plutôt sobre (exceptée une scène de rêve à la symbolique un poil trop appuyée) est au service du récit, le rythme est soutenu et les seconds rôles attachants. Bref, de quoi faire de ce film une franche réussite, tragi-comédie attachante, aux dialogues impeccables et interprétée avec une justesse exemplaire.