Un héros très discret par Faraway-screen

Spoil


"Un héros très discret" est l'histoire de l'ennui d'Albert, incarné par Mathieu Kassovitz. La genèse de cet ennui est le mensonge que sa mère lui livre vis à vis de son propre père. A l'intérieur d'Albert, le mensonge prend la forme d'un rêve dont l'ingénuité ne permet pas la réelle création mais seulement le génie du simulacre (capable d'apprendre la définition des mots, incapable d'écrire une histoire) Le rêve reste fidèle au mensonge: il vaut mieux être "quelqu'un" plutôt qu'être soi. Nous suivrons intimement la construction de ce personnage conditionné à réappliquer des idées simples (entrée, plat, dessert) s'accaparant ici et là les parcelles de sont futur rôle, dans un apprentissage permanent, se murmurant tous les soirs pour la représentation du lendemain, l'histoire, la littérature et tout le style des héros modestes et fiers que l'on ire.


Le but ultime d'Albert est donc de valider une allure auprès des autres. Cette allure qu'il contemple à travers sa petite fenêtre, celle des héros de guerre, celle des tennisman élancés dont il n'arrivera pas à reproduire l'authentique maitrise du geste sportif, exigeant une pratique laborieuse. Néanmoins, s'il échoue dans ce domaine, sa réussite sera complète dans l'autre lorsqu'en tant que lieutenant colonel, il s'attirera l'iration d'un officier qui de prime abord ne l'appréciait guère.


Un héros se doit d'être discret, un imposteur se doit d'être "très" discret, et lorsque retentira en lui la puissance d'un sentiment authentique, l'amour, terrassant l'ennui dont la cause et l'effet étaient un mensonge, désormais inutile, qu'il livrera avec lui même.


L'une des grandes forces de ce film est sa crédibilité. Rien n'est laissé aux hasard. De concert, le scénario et la distribution des acteurs servent la caractérisation des personnages. Choisir la sincérité de Kassovitz pour jouer Albert, naïvement envieux d'hériter d'un peu de gloire lors de la libération et de la prolifération des héros, rend cette ambition vulnérable et touchante. Il est aussi plaisant de retrouver le mélodieux Trintignant dans une narration grave et poétique et Albert Dupontel dont la spontanéité sert parfaitement le provoquant de son personnage.


Audiard est grand. A travers ce second film il prouve la maturité de sa mise en scène illuminant le sujet essentiel de ses œuvres: la solitude de l'être, la simplicité de l'âme cherchant à se frayer un chemin à travers la dureté du monde.

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le 23 janv. 2013

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le 23 janv. 2013

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