“ La famille n'est jamais qu'un assemblage de gens ennuyeux, qui n'ont pas la moindre idée de la façon dont il faut vivre. ”. Ce n’est pas Tracy Letts auteur du scénario (tiré de sa propre pièce) qui viendra contredire cet aphorisme d’Oscar Wilde ! La teneur de son texte, d’une violence rare va même bien au delà… “ Un été à Osage County ” est un film éprouvant. Malgré une accumulation de griefs et de situations alambiquées au sein de cette famille, on ne sombre pas un instant dans la caricature ou l’exagération. Les sentiments sont y abrupts et tranchants, en alternance, dans la haine comme dans l’affection. C’est cette force employée dans les mots qui fait qu’un film n’a jamais touché d’aussi près le réalisme. Cette rivalité exacerbée entre la mère et le fille ainée, de même que la concurrence entre les sœurs sont autant de portraits de femmes meurtries, reproduits avec dextérité et beaucoup de comion. Des femmes qui semblent aussi se transmettre, comme une étrange malédiction génétique, le flambeau d’un état de solitude forcée où les hommes (tous fuyants dans le film) sont absents.
Mais le verbe ou les mots restent vides de sens s’ils ne sont incarnés… C’est l’autre extraordinaire qualité de “ Un été à Osage County ” ; l’interprétation. Ce n’est pas tant la notoriété du casting qui fait qu’on la remarque, mais plutôt ce qu’il offre. Tous les acteurs, quelque soit le rang, sont inouïs ! A commencer par Julia Roberts qui se sépare enfin de son aura glacial à la Grace Kelly et qui se lâche enfin ! Elle fait de Barbara son plus beau, son plus grand, son meilleur rôle ! Meryl Streep évidemment, mais qui nous surprend une fois encore… elle n’a plus rien à envier à l'immense Bette Davis… elle la dée largement ! Enfin une mention toute particulière à Margo Martindale qui depuis 25 ans, au gré de seconds ou troisièmes rôles ne cesse de nous étonner par la justesse de son jeu. Un texte fort, de brillants acteurs… l’ombre de Pinter plane sur Osage County !