Lorsqu’on a encore des traumas plutôt violents de l’expérience des Rencontres après minuit, on n’aborde forcément pas en toute sérénité le cinéma de Gonzales. Mais c’est là aussi le plaisir du cinéphile, plus particulièrement en période de festival : la représentativité est éclectique, et on sait à chaque fois que son niveau de consternation n’aura d’égal que l’encensement d’autres critiques touchés par la grâce.
Pas de révélation, donc : l’ennui et l’irritation demeurent les émotions reines face à ce nouveau projet du cinéaste français qui entraîne dans sa chute une Vanessa Paradis usée, sirotant sa flasque de whisky un plan sur deux et goûtant avec amertume les affres de la ion amoureuse, le tout dans le milieu du porno gay de la fin des 70’s.
Doctor Metaphor pourrait bien s’exciter sur le projet, qui ne fait pas dans la dentelle en termes d’ostentation quant à ses ambitions symboliques : sur les citations du film de genre, sur l’esthétique outrée du giallo, sur la réflexion en abyme proposée entre l’art du cut au montage et celui des corps transis de désirs et lardés à l’arme blanche…
Evidemment, le spectre grotesque de De Palma version Body Double rode, tout comme les chromos d’Argento et leur exploration baroque du stupre, et l’on ne saurait raisonnablement prendre tout ce clip bigarré trop au sérieux. Le problème, c’est que la dimension comique est loin de l’emporter, et que la prétention à la française semble souvent l’emporter dans les intentions d’écriture et de mise en scène. Les délires éculés de fictions des tournages contaminées par le réel d’une enquête amusent un temps, mais finissent par virer à la copie assez scolaire qui va redre les provocations déjà vues mêlant sexe et gore. La question centrale du ridicule n’est pas réglée : Un couteau dans le cœur se permet des embardées dignes du Red is Dead de La Cité de la peur sans qu’on sache jamais véritablement si notre envie de rire a été provoquée sciemment. Alors on attend poliment, comme dans un musée, en se questionnant sur l’intérêt de remettre au goût du jour une esthétique, des excès et des lourdeurs circonscrites à une période donnée : autant aller voir les modèles et se questionner sur leur apport à l’histoire du cinéma et, par la même, dans quelle mesure leur esthétique reflète une époque et a plus ou moins bien vieilli.