Jeff Bridges + Coppola....
Encore un Copola qui mérite une redécouverte. Il s'agit d'un biopic sur un entrepreneur américain des années 1950, Preston Tucker, qui décide tout simplement de créer la voiture du futur. Bien que sa voiture ait des idées révolutionnaires (disque de frein, ceintures de sécurité, pare-brise qui se déboite en cas de choc, moteur à l'arrière), il va se heurter aux appuis politiques des trois majors de Detroit (dont le nom n'est jamais prononcé dans le film).
On compare le film à une comédie à la Capra. Oui, pourquoi pas, il y a de ça dans la scène du tribunal, mais ce n'est pas que ça. Moi il m'a rappelé un film de King Vidor, "Le rebelle", où un architecte doit sans cesse déer les contraintes d'une sorte de Mephistophelès qui veut lui faire revoir ses projets à la baisse. A cela s'ajoute le côté patriarche de Tucker, sans doute amplifié par Coppola. Toute la famille est aspirée par l'énergie communicative du père, profond optimiste.
Le scénario commence donc dans une ferme et se termine au tribunal de Chicago, mais il le fait sur fond de jazz endiablé des fifties ("Tiger rag"). Si le but est de susciter la curiosité pour Tucker, c'est réussi. La critique sociale ne va pas si loin que ça, car Coppola pousse le film vers la comédie - ce qui n'empêchera pas, hélas, "Tucker" d'être un gros flop au box-office.
Au niveau image, il n'y a pas cette sensualité outrancière des derniers opus du maître, mais il y a de forts beaux plans qui suent de partout les années cinquante - je pense en particulier aux hangars à avion de Howard Hughes. En deux minutes, Coppola fait aussi bien que Scorsese en deux heures avec son "Aviator".
Au niveau jeu, le film est écrasé par la performance de Jeff Bridges, qui, de "Starman" à "The big Lebowski", a plus que prouvé qu'il était un acteur hors de pair. Dommage que dans ses derniers rôles, il se cantonne un peu dans le rôle de hippie barré à barbe fleurie, m'enfin l'homme mérite plus que le respect.
Un Coppola léger, sur un sujet émouvant, à découvrir.