En 1949, lors de la même audience, un objecteur de conscience est condamné alors qu'un allemand, séminariste qui a tué un résistant sur l'ordre de ses supérieurs, est acquitté. Ce film d'Autant-Lara est pratiquement invisible encore aujourd'hui (il existe un DVD en langue italienne). C'est pourtant l'un des plus forts du cinéaste, et pas seulement parce qu'il se base sur des faits réels, et sans aucun doute l'un de ses plus personnels. La conclusion s'impose d'elle-même à la fin du film : mieux vaut être un bon chrétien en se soumettant aux ordres (même pour tuer un homme) qu'un mauvais qui refuse de faire son service militaire. Inutile de dire qu'en pleine guerre d'Algérie, ce discours avait du mal à être accepté par les autorités françaises. Tu ne tueras point est une coproduction entre la Yougoslavie et le Liechtenstein (sic), tournée en Yougoslavie et qui représenta ce pays au Festival de Venise (un prix d'interprétation pour Suzanne Flon). Le film est finalement sorti en , en catimini, en 1963. Laurent Terzieff et Horst Frank sont excellents mais il est vrai que dans un rôle plus court, Suzanne Flon est exceptionnelle. Il est assez curieux qu'un film aussi politiquement courageux ait été tourné par le cinéaste pourfendu par les tenants de la Nouvelle Vague pour son archaïsme et son académisme !