Après Barbara en 2012 et Phoenix en 2014, Christian Petzold livre avec Transit un film de fiction - adapté d'un roman éponyme d'Anna Seghers - d'un avenir pas si éloigné. Devant ce film, impossible de ne pas penser à certains événements récents que l'on ne citera pas (l'inquiétant score fasciste à nos dernières présidentielles, l'avènement du grand blond avec une chaussure noire outre-atlantique, et sa politique d'immigration musclée).
Dans une actuelle, la politique anti-migratoire a atteint son paroxysme : les purges de tous les étrangers sans permis de séjour. La police française se transforme en bataillons SS pour traquer les "sans-papiers" et les parquer dans des camps, à Aix-en-Provence et un peu partout ailleurs.
Ce fond politico-fictionnel a de quoi glacer le sang : et si, et si...
C'est dans ce contexte que l'on suit les mésaventures de Georg, un jeune allemand qui fuit Paris pour Marseille, et à la suite d'une erreur istrative prend l'identité de l'écrivain Weidel, décédé en fuyant les rafles, pour tenter de sauver sa peau. S'y ajoute une histoire amoureuse avec la femme de Weidel, et le système narratif est en place.
L'histoire avait de quoi séduire. Les deux acteurs principaux Franz Rogowski et Paula Beer sont plutôt convaincants. Pourtant, après 1h40 de film, on ressort de la séance quelque peu déçu. Déçu du manque d'envergure du film, comme si l'immense richesse qu'est le background politique de l'intrigue n'était qu'effleurée, de façon très superficielle. La narration un peu plate manque de souffle, si bien que l'on a du mal à se sentir concerné par le destin tragique de tous ces migrants, traqués, apeurés et fuyant.
Au final, une demi-réussite qui laisse un goût amer : celui de la claque satirique qu'aurait pu être Transit, s'il avait été mieux écrit.