Les jeunes réalisateurs américains réussissent toujours à donner une vraie dimension sociale au cinéma en évoquant en filigrane des problèmes de société ignorés par les grands studios. Transamérica est l’un de ses plus brillants exemples. Bree/Stanley transexuel sur la voie de l’opération n’est pas l’être à part que l’on a envie d’ignorer. C’est le message de Duncan Tucker qui donne à ce personnage une humanité hors du commun d’un être qui se cherche et qui trouvera la clé de son moi intérieur grâce à une paternité inespérée. Il nous conte son parcours avec des images simples, des scènes susurrées tantôt burlesques et souvent terriblement cruelles. Une justesse et une crédibilité dans le scénario et les dialogues font de ce film une œuvre nostalgique, éprouvante, émouvante et tout simplement remarquable. Ce road movie est porté par des acteurs déant le stade même de la fiction. Félicity Huffman est bouleversante et noble dans un rôle ô combien malaisé. Elle fait de Bree un personnage tellement fascinant et attachant dans ses fêlures et son mal de vivre. Et le reste du casting est à sa hauteur Kevin Zegers, dans le rôle du fils décèle le tempérament racé d’un grand acteur, Fionnula Flanagan est renversante, pour ne citer qu’eux… Transamérica est l’une des œuvres les plus personnelles et abouties de cette année 2006, c’est un petit chef d’œuvre à ne manquer sous aucun prétexte.