Trois réalisateurs, trois sketchs (un chacun évidemment !) ayant chacun pour points communs de se dérouler dans la capitale japonaise (c'est comme le Port-Salut... !) et de mettre en scène des personnes inadaptées à la vie de cette grande mégalopole.
Premier sketch, la partie assurée par Michel Gondry. Cela met un peu de temps à démarrer. Il n'était pas nécessaire de prendre les trois-quarts de l'ensemble pour faire comprendre que la protagoniste, au contraire de son mari, n'a pas de projet de vie et donc va se laisser écraser par la ville. De plus, la transformation n'apparaît que très tardivement et est trop rapide. Reste que les trucages autour de cette dernière sont très réussis. D'autres séquences le sont aussi comme celle de la fourrière avec ses champs géants et interminables d'automobiles.
Deuxième sketch, celui de Léos Carax. Denis Lavant est Merde, étrange créature qui vit dans les égouts, profondément misanthrope et haineuse du genre humain. Le réalisateur se fait plaisir en filmant le désordre absolu qu'il provoque dans une société aussi réglée que celle du pays du Soleil-Levant, à travers quelques fulgurances dont il a le secret, à l'instar de ses travellings furieux qui suivent la démarche délirante du personnage. Juste dommage que l'avocat de ce dernier joué par Jean-François Balmer, le seul à comprendre son langage, donne plus l'impression d'être un simple interprète qu'un véritable défenseur. Cela aurait été intéressant de le voir exposer ses arguments. Par contre, le split screen est particulièrement bien utilisé pour dynamiser la scène du procès.
Troisième et dernier sketch tout mimi par Bong Joon-ho, filmé au millimètre comme c'est toujours le cas pour ce technicien hors pair. Ici, il raconte la vie d'un hikikomori (phénomène très important au Japon, n'ayant pas bien sûr manqué de s'exporter à l'étranger, désignant un être vivant complètement reclus chez lui !) qui va devoir se surer, car un tremblement de terre (au sens propre comme au sens figuré !) va lui faire connaître l'amour en le faisant accidentellement échanger un regard avec une très jolie livreuse de pizza. Impressionnant moment où le personnage principal se décide enfin à s'exposer à la lumière du soleil en traversant les interminables rues désertes d'un Tokyo dans lequel étrangement tout le monde s'est décidé à rester entre ses quatre murs.
Bilan, si le Gondry est un peu en dessous des deux autres, les réalisateurs ont tous pris leur travail au sérieux et ont donné quelque chose valant le coup d'être visionné.