Super-heros en quête de sens défouraillent à tout va dans les couloirs vides de gratte-ciels glacés. Cut sur une blague nulle : fausse alerte, on est bien chez Marvel. La dépression sert ici d'appât marketing, comme l'ont été l'inclusivité, le féminisme ou la nostalgie dans des produits précédents. Toutefois, les dialogues ont de l'esprit. Un rien d'intelligence qui dénote avec l'habitude de tout souligner, surexpliquer pour un public supposé avoir une capacité d'attention maximale de 3 minutes.
On a monté en gamme : ce n'est plus destiné aux ados attardés, juste aux ados. Ça s'appelle une prise de risque. Ce qui manque? Le talent. C'est-à-dire James Gunn. La légèreté virevoltante des dialogues, la profondeur des personnages, la cohérence des scènes d'action... Dommage, il est é à la concurrence. Enfin, essayer de marcher sur ses traces, c'est déjà un progrès!
Il y a quelque chose de réjouissant à voir ces symboles de puissance se complaire dans l'auto-dépréciation. Bien sûr, c'est du calcul visant à renforcer la proximité, l'identification, mais ça marche. En tout cas, ce retour au réel fait du bien. Il était plus que temps, on avait déé la limite de saturation des effets numériques et virtuels. L'engagement d'un nouveau paradigme? L'efficacité des effets mécaniques, la beauté d'un camion qui se retourne sur une route poussiéreuse en plein désert, la joie d'un visage concentré tenant un gros flingue en travelling avant... Terminator 2 au rapport!
C'est qu'on revient de loin chez Marvel, parangon industriel du capitalisme le plus cynique. Savent-ils seulement ce qu'ils ont produit ? Une réflexion plutôt fine sur les difficultés à assumer des superpouvoirs quand son moral est au plus bas. Ce décalage de conviction entre le sens et la valeur de ses actions conduit à un rapport subversif au pouvoir et à l'obéissance. Autrement dit, au Mal. Bien sûr qu'ils savent. C'est la mouvance de The Boys, des Watchmen : un renversement des valeurs, le culte de la force obscure où la tristesse s'est substituée à la haine. Anti-héros d'une Amérique sans drapeau.
Vous le savez tous : vous ne pouvez pas échapper au vide.