De la jouissance en opposition à l'ordre

Voilà un film tout de même assez particulier. Je n'en connaissais rien, pas même le casting. Au vu du titre, je m'attendais à un documentaire.


L'affiche me plaît. Il s'agit d'art brut. Et cela présente bien le film. La mise en scène est proche du style documentaire, avec une caméra alerte, libre, captant le moindre mouvement. C'est filmé simplement, on dirait sans pré-découpage ; comme ce n'est pas surdécoupé, on ne tombe pas dans des sautes d'axe ou d'autres faux raccords malvenus, c'est juste qu'on filme ce qu'il se e et on comprend ce qu'il se e. C'est tout ce qui compte. Je précise aussi que si pas mal de ages renforcent bien l'idée politique du film, à savoir le refus de l'ordre, l'auteur se montre tout de même capable de filmer l'ordre en en respectant les codes. Les décors sont assez bien choisis. Les acteurs sont très bons, c'est d'ailleurs un exercice d'interprétation dramatique saisissant : puisqu'il n'y a aucun dialogue, les acteurs se répondent en fonction des intonations, exercice pas toujours facile, mais réussi et efficace ici. Car si il n'y a que baragouinement, on comprend le sens de ce qui est dit.


Le scénario est assez linéaire et construit. C'est peut-être la seule chose qui ne renforce pas le fond du film. Mais c'est tant mieux car cela rend le tout digeste. Après tout, quand on y pense, si on voulait traiter de l'ennui, a ne veut pas dire que l'œuvre doit être ennuyeuse. Donc "Themroc" est structuré. Malheureusement je ne trouve que, malgré la folie apparente, ça ne va pas très loin. Ce refus de l'ordre au profit de a jouissance reste au final très gentil. Non pas qu'il aurait fallu montrer plus de sexe, être plus explicite, mais simplement construire plus de scènes mettant en valeur ces convictions. Et puis surtout, mettre au point une opposition plus menaçante. L'ordre se voit, en effet, trop facilement bouté. La contagion du désordre est un peu trop facile aussi. Du coup, c'est rigolo, c'est amusant, mais c'est aussi gentil, juste gentil. Facile. Puéril presque. Et on s'ennuie presque qu'il n'y ait pas de véritable obstacle.


Bref, un film franchement intéressant pour la forme, pour le fond, mais qui reste malheureusement un peu trop superficiel dans le traitement narratif pour marquer au-delà de certains partis-pris audacieux (adieu à la langue).


PS : http://image.noelshack.com/fichiers/2016/14/1459935654-themroc.jpg

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le 8 mars 2015

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Fatpooper

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