The Visitor par Bapman

Avec The Visitor, le réalisateur, acteur et scénariste Thomas McCarthy nous livre ici son deuxième film après The Station agent.
A l'image de ce dernier, The Visitor a été unanimement salué par la critique et a notamment remporté le grand prix du festival du film américain de Deauville.
Malgré cela le film n'a pas rencontré un grand succès en faute de ne pas avoir été diffusé dans un nombre assez conséquent de salles.
Il faut dire que chez nous, on préfère les frites fricadelles et Clovis Cornillac mimer en vain Astérix...

Le film nous entraine donc dans la vie d'un professeur d'économie d'une université du Connecticut nommé Walter Vale qui a perdu complètement goût à l'enseignement et qui mène une vie morne et répétitive depuis la mort de sa femme des années auparavant.
Amateur de musique, il s'essaie sans succès au piano.
La rencontre d'un couple d'immigrés squattant sa résidence secondaire à Manhattan va venir troubler cette grise routine et bouleverser sa vie.

Troubler tout d'abord parce que, envoyé à Manhattan par l'université, il va rencontrer ce couple le soir de son arrivée et se lier d'amitié avec plutôt que des les mettre à la porte, même si le premier geste des deux immigrés va être de partir en voyant que l'appartement appartient à quelqu'un.
Tarek, le jeune homme du couple, et Walter vont très vite se trouver rapprochés par leur amour de la musique.
Le premier initiera le second au djembe. L'apprentissage sera nettement plus concluant que celui du piano.

Bouleverser ensuite parce que les deux immigrés sont des clandestins et que Tarek ne va pas tarder à se faire arrêter et menacer d'expulsion.
Walter va alors tout mettre en oeuvre afin d'obtenir la libération de son ami.

Très réaliste, le film aborde chacun de ces sujets avec finesse, intelligence et humanité.

Le rapprochement entre deux mondes, l'un incarné par Walter l'américain type menant une vie monotone et l'autre incarné par Tarek clandestin africain, se fait par le biais de la musique comme dans Rencontres du troisième type, sauf que l'alien (à comprendre par son sens premier en anglais à savoir l'étranger) est ici traité avec beaucoup moins de respect par les autorités que les petits hommes verts de Steven Spielberg et c'est bien la que le bât blesse.

A ce titre, on peut voir dans une scène du début du film (où un étudiant se retrouve face à un refus obstiné de Walter de prendre sa copie en retard) une mise en abîme du problème principal du film pour lequel Walter se retrouvera face à un refus obstiné des autorités quant à la libération de Tarek.
Faut il, pour remettre en cause les lois d'exclusion d'une nation, commencer par se remettre soit même en cause ?
En tout cas le film remets en cause la vision idyllique de l'Amérique comme le suggère un des plans de fin ou l'on voit le drapeau américain devenir flou tel le rêve américain s'évaporant doucement.
The Visitor sera aussi la révélation de Richard Jenkins (également à l'affiche de Burn After Reading cette année en amoureux transi de s McDormand), l'acteur ayant été habitué jusqu'ici principalement aux seconds rôles.

Le film n'évite pas malgré tout cela quelques petits clichés qui finissent cependant par soutenir l'intrigue principale plutôt que de la plomber, en particulier la pseudo romance qui se met en place.

En bref : un film intimiste, intelligent et fin sans dramatisations exagérées pour faire pleurer dans les chaumières.
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le 27 mai 2012

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Bapman

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