Personnage principal d'une télé-réalité dont le scénario est sa propre vie, Truman mène le cliché de l'American way of life: un travail dans les assurances, une femme infirmière, une maison de plein-pied, une voiture, un meilleur ami avec lequel il partage des soirées arrosées de quelques bières. Jusqu'au jour où le décor s'effrite petit à petit - au sens figuré comme au sens propre - et le doute s'installe sur la véracité de tout ce qui l'entoure.
Proposant une critique toujours très valide de l'audiovisuel et du divertissement télé, le tour de force du film est de mettre le spectateur dans une situation inconfortable du voyeur que l'on aime décrier. Mise en abyme du phénomène qu'il illustre, The Truman Show est comme une ciné réalité, nous mettant à la place des téléspectateurs américains qui tournent en boucle sur le programme 24h/24, 7 jours sur 7.
Grinçant, le film est une critique affutée des médias et autres réseaux sociaux, qui partagent ces caractéristiques : placement de produits, voyeurisme, mise à disposition et marchandisation du "temps de cerveau disponible" (expression de Patrick Le Lay, alors PDG de TF1).
Sur un ton ironique voire sarcastique, le film tient un rythme crescendo intéressant: il monte en tension au fur et à mesure que Truman pousse les limites du show. Un crescendo qui se termine par une course nautique face au "Créateur" du programme. Sur un aspect plus philosophique, le film propose également une réflexion sur le flou entre la vie réelle et la vie des écrans, de plus en plus alimenté par les médias. Une vie scriptée par les injonctions de la société et qui obéit plus à des logiques marchandes que réellement humaines. Peut-être une invitation à la déconnexion virtuelle et à la reconnexion avec la vie, avec son lot d'aléas.