Assurément calibré pour choquer la Croisette, The Substance est une sorte de trip gore de fan-girl sans queue ni tête à qui l'on a offert le prix du scénario. Et c'est ça qui, moi, m'a le plus choqué. J'ai beau le prendre par tous les bouts de la lorgnette, ce film est écrit n'importe comment.
Pour commencer je ne crois pas du tout au monde qu'on me raconte...
- Pourquoi Dennis Quaid tient-il tant à changer l’émission de fitness à la Jane Fonda, qui a un certain succès auprès de son public cible, pour une émission de danse lascive destinée aux ados qui se branlent devant la télé à 9H du matin ?
- Comment peut-on s'assurer que les utilisateurs de la Substance ont fait plusieurs années de médecine pour se l'istrer ? Et pourquoi un corps laissé sans vie sur le dur carrelage de la salle de bain ne présente pas d'escarres ?
- Qui pourrait bien avoir envie d’utiliser la substance quand en fait c’est pas vraiment toi qui en profite ? C’est débile ! Et ils ont beau nous répéter : "vous ne faites qu'une" Non ! C'est du pipeau : clairement on a affaire à une confrontation de deux personnes distinctes qui ne s'aiment pas... Et il n'y a même pas la promesse d'un notoriété qui perdure : c'est complètement une nouvelle identité qui va se balader pendant une semaine et faire littéralement ce qui lui e par la tête.
- J’aurais trouvé beaucoup plus intéressant que Margaret Qualey, qui n’a pas de numéro de sécu, ni compte en banque ni rien, galère à trouver du travail car elle n’a pas le nom de Demi Moore. L'argument "vous ne faites qu'une" aurait déjà un peu plus tenu la route...
Là, comme elle profite immédiatement de sa « beauté » tout l’acte II est une suite de va-et-viens sans trop raconter grand chose.
Et c'est le deuxième point litigieux du scénario : sa structure. ées les dix premières minutes où les évènements s'enchainent avec une poignée de liens de cause à effets, le film est une suite ininterrompue d'anecdotes enfilées au gré des "on n'a qu'à dire que" capricieux de Coralie Fargeat.
Aucun travail de dramaturgie. Il se e ça. Puis il se e ça. Puis il se e ça... Ad libitum jusqu'à épuisement. Le seul lien narratif qu'on puisse constater c'est toujours le même pendant tout le film : Margaret abuse et Demi trinque. Est-ce qu'on avait besoin d'exprimer ça pendant plus de la moitié du métrage ? Certainement pas. Etait-ce nécessaire de le répéter plusieurs fois ? Non plus...
The Substance n'exprime pas grand chose, mais en plus le fait mal, et longuement...
La mise-en-image n'est pas plus brillante. Le pari esthétique est certes techniquement relevé, mais il ne se renouvelle jamais. Il n'y aura dans le film qu'une seule façon de filmer la salle de bain, une seule façon de filmer les femmes qui marchent dans la rue, une seule façon de filmer Margaret Qualley qui se trémousse à la télé, et une seule façon de coller la caméra en courte focale au ras de la gueule à Dennis Quaid... Sans déconner on se croirait dans Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré !
Si on récapitule, on a donc un scénario indigent filmé sans trop de talent à la va comme j'te pousse. N'y a t'il rien qui pourrait sauver The Substance du désastre complet ?
Ses effets de maquillages, peut-être ? Eh bien même pas. Tout est raté dans les grandes largeurs, des effets de vieillissement grossiers aux gros morceaux de latex suintants en ant par les faux seins siliconés de Margaret, y'a rien qui sonne juste. Rien qui ne fasse pas immédiatement maquillage...
À la fin du métrage, en guise de récompense pour avoir tenu le coup, Coralie nous offre un festival de gore plutôt quelconque... à l'emporte-pièce. Déjà-vu et rabâché, mal digéré et mal vomi, et qui à nouveau dure beaucoup trop longtemps pour ne pas provoquer l'hilarité dans la salle....
Un des rendez-vous avec le succès les moins compréhensibles de cette année.