J'étais curieuse de voir ce film de von Sternberg, lui dont l'actrice fétiche était l'impériale Marlene Dietrich, et aussi de découvrir Gene Tierney dans un rôle moins lisse : à cet égard, Poppy est en effet son personnage le plus vénéneux, et telle une plante carnivore, elle attire et dévore ceux qui l'approchent, fascinés par sa beauté dont elle joue pour une fois sans vergogne, reflet du mal qui la possède, tel un poison que sa mère, personnage très Sternbergien lui aurait inoculé.
Un film où les noirceurs de l'âme humaine, ses vices et ses dépravations éclatent, dans cet enfer du jeu mené à la cravache par l'énigmatique et dominatrice Mother Jin Sling, superbe dans son désir de vengeance tout entière concentrée dans la fente de son regard, lors de la scène culte du Nouvel An Chinois où elle se découvre mère .
Un univers fascinant de personnages veules ou mauvais à qui Victor Mature prête une certaine sensualité très orientale.
Une belle oeuvre noire et assez décadente.