The Shanghai Gesture ou la descente aux enfers d'une fille à papa pourrie gâtée qui, aveuglée par de fausses illusions et la volonté de couper le cordon à tout prix, succombera à l'appel de la dépravation jusqu'au point de non-retour.
Il s'agit bien sûr du personnage joué par Gene Tierney (rôle qui sera un véritable tremplin pour sa carrière, on comprend aisément pourquoi), évoluant dans une galerie de personnages tout aussi troubles et irrécupérables les uns que les autres. Celle-ci est boudeuse et capricieuse, mais surtout foncièrement naïve. Bref, une proie de choix dans l'univers suffocant de ce casino louche, véritable tour de Babel où se croise le monde entier (et où par là même la caricature bat son plein).
En plus de la délicieuse Gene Tierney, qui prononce même quelques phrases en français (que c'est exquis...), Victor Mature campe un personnage aussi séducteur que mystérieux (dommage que celui-ci ne soit pas plus développé). Mais c'est surtout Ona Munson en Mère Gin Sling qui est la plus mémorable, dans ce rôle de véritable maîtresse femme à qui rien ne résiste (pas même les arrangements capillaires complexes).
La première partie du film est hélas assez plate avec ses parties de poker répétitives ; on ne voit pas trop où le réalisateur veut en venir. Puis la seconde finit par remporter l'adhésion avec des enjeux dramatiques qui se dessinent enfin. La tension monte et on comprend qu'il va se er quelque chose, jusqu'à un règlement de compte final (psychologique, cela s'entend) tout à fait réussi.
Avec son exotisme suranné, son atmosphère étouffante et ses personnages marquants, ce drame à l'intrigue atemporel est une bonne surprise dans son ensemble.