Difficile de ne pas se perdre en route, pour Marvel, avec ce The Punisher. Et ce d'autant plus qu'en 2003, la société dépend encore de studios et de majors tiers pour porter les personnages de son catalogue.
Frank Castle en représente le côté obscur. Sa croisade vengeresse et aveugle est sans concession. Le personnage cynique, impitoyable, violent, sans limite dans sa méthode. Le Punisher n'est donc pas un gus des plus sympa, tandis que son univers, ses relations sont des plus limités.
Le Punisher manque donc de la sève classique coulant dans les veines des productions super héroïques telles que nous les connaissons. Mais cela n'empêche pas la Columbia de le porter à l'écran à son tour en 2003... Pour un résultat, euh, discutable.
Si les origines du personnages sont respectées dans les grandes lignes, les subtils changements de mécanique, imposant Castle comme celui qui, sans le savoir, a versé le premier sang et déclenché ce qui arrive à sa famille, limite immédiatement la quête du personnage, tout en rendant plus difficile à expliquer pourquoi, à la fin du film, l'anti héros s'attaquera dans le futur à l'ensemble de la racaille qui règne sur la ville.
Le reste des défauts, je crois, est connu de tous. En effet, il est difficile, dans The Punisher, de reconnaître les méthodes de Frank Castle, au sein d'une oeuvre frustrante qui a tout de la castration. Ainsi, si la première demi-heure est plutôt bien emballée, et si des intentions d'adaptation mature fugaces apparaissent à l'écran, force est de constater que le personnage, et la rage qui l'anime, semble totalement étranger au film qui porte son nom.
Un long métrage qui balancera donc entre sentimentalisme et renoncement.
Le sentimentalisme, ce sera par exemple ce totem, un tee-shirt mainstream, offert par un enfant tête-à-claque à son père, ou encore cet argent offert, en guise de cadeau d'adieu, aux trois outcasts qui ont partagés son refuge.
Le renoncement, ce sera à peu près tout le reste. Une torture à la glace à la fraise, du plus haut ridicule. Un sociopathe qui ne shoote pas beaucoup, si ce n'est via un appareil photo, pour coincer un homme de main. En mode paparazzi free lance de Dimanche. Ou ce plan ourdi pour détruire une famille sans trop faire couler le sang. Bref, rien qui soit à la hauteur de l'aspect sociopathe du Punisher. Rien qui ne nourrira la violence et la noirceur de sa vendetta.
Dépouillé de ses oripeaux, The Punisher fait donc une triste mine pendant presque tout le film, ne renouant avec sa noirceur originelle que le temps, très bref, d'attacher Howard Saint au pare-choc de sa voiture avant de tout faire exploser. Trop tard cependant pour ne pas crier à la trahison d'un personnage fascinant dans son jusqu'au boutisme.
Restent quelques scènes en forme de bref réveil, d'électrochoc : l'apparition fugace du tueur à la guitare. L'affrontement destructeur avec un russe péroxydé tout droit sorti d'une pub pour Le Mâle de Jean-Paul Gaultier. Pour rappeler, enfin, que Frank Castle est issu d'un comics bien bad ass et sombre. C'est peu.
Trop peu pour défendre une telle exécution sommaire de son patrimoine.
Behind_the_Mask, qui ne verra plus l'esquimau à la fraise de la même façon.