🔴Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/KZgAFbBQCoQ
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Le sable est trop propre. Les ombres sont millimétrées. La tristesse est teintée de lavande, et même la mort a un sens du cadre. Dans The Phoenician Scheme, Wes Anderson déracine encore ses marionnettes articulées pour les planter dans une fable qui sent la colle forte et les encres au plomb, mais cette fois, l’horloge suisse perd le nord. Il y a Benicio del Toro, en magnat philosophe qui vend des pipelines imaginaires dans un désert qui ressemble à une boîte à musique déshydratée. Il y a Mia Threapleton, fille de, mais ici fille de, aussi, tentant de comprendre ce que son père cache dans ses lunettes fêlées. Il y a Michael Cera qui collectionne les scarabées pour oublier sa guerre intérieure, Bryan Cranston qui commente les drames depuis une cabine radio en orbite, et Scarlett Johansson qui flotte, spectrale, comme une aquarelle diluée sur un mur trop sec. Tout est là : travellings latéraux, palettes sucrées, symétries chirurgicales, dialogues décalés, solennels comme des poèmes d’enfant malades. Tout est trop là.
Le film, dans sa mécanique horlogère, finit par suinter l’épuisement. L’humour pince-sans-rire devient spasme, l’émotion s’effiloche dans le formol. On n’y croit plus tout à fait, à cette fresque de conspirations géopolitiques et de névroses familiales cousues d’or et de carton. Il y a bien un éclat, un frisson, un plan qui nous suspend. Mais tout semble figé dans une perfection éteinte, comme si la mise en scène avait gagné contre le vivant. C’est beau, certes, mais comme un musée en apnée.
Alors on ire, mais on n’éprouve pas. On applaudit la forme et on oublie le cœur. Anderson signe ici son propre palimpseste : une lettre d’amour à lui-même, envoyée sans adresse, ni timbre, ni destinataire. Une odyssée pastel, où le fond se dissout sous le vernis. Note : 10 sur 20