Colin Farrel n'est pas un crustacé

Dans un futur proche, l'Hôtel accueille les cœurs brisés venus de la Ville pour leur offrir une dernière chance de trouver l'amour. Ses pensionnaires ont 45 jours pour rencontrer l'âme-sœur avant d'être transformés en animal.


David (Colin Farell) est le nouvel arrivant dans l'établissement. Il est prêt à tout pour ne pas finir en homard (lobster), l'animal qu'il a choisi pour sa transformation. Prix du jury lors du dernier festival de Cannes, le quatrième film du Grec Yorgos Lanthimos surprend par son omniprésente mélancolie. Après quelques minutes d'adaptation incrédule, on entre dans cet univers parallèle et finalement si familier. Yorgos Lanthimos s'attaque au mal des civilisations modernes: la solitude.
La première partie du film, dans cet Hôtel lugubre et désenchanté, est parfaitement maîtrisée. Le réalisateur prend le temps de développer des personnages blessés, au sens propre comme au sens figuré, cabossés par la vie et incapables d'aimer.
Colin Farrel, de retour à son meilleur avec la série True Detective, est méconnaissable, en homme brisé, bedonnant et soumis. John C. Reilly, en onaniste zozotant, est parfait, comme à son habitude.


Interminable


Mais le rythme s'essouffle, vite, trop vite. La faute à un scénario trop léger et à un basculement trop rapide. À la surprise des premières minutes succède l'incompréhension puis l'ennui.
Le film de Yorgos Lanthimos a parfois les accents d'un Kusturica athénien mais oublie l'absurde pour tomber dans la caricature. Autant les personnages masculins semblent maîtrisés, autant le réalisateur souffre de ses actrices.
Ni Rachel Weisz, ni Léa Seydoux, d'ordinaire impeccables, ne semblent comprendre leurs rôles. Et pour cause: Yorgos Lanthimos leur demande de ne pas montrer d'amour alors qu'elles ne sont que désir. S'en suit un interminable épilogue et une fin qui souligne avec force le propos du film. Comme si on ne l'avait pas compris dès les premières minutes.

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le 30 oct. 2015

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cioran53

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