Sous ses airs de divertissement élégant, Steven Soderbergh orchestre une mise en scène du soupçon, où chaque plan interroge notre rapport au visible. Dans cet univers, l’illusion du contrôle se délite au fil d’un récit où l’arnaque n’est plus une déviance d'un système, mais bien son mode opératoire par excellence.
Plutôt que de démonter les rouages du mensonge, Soderbergh en fait un principe d’écriture. Le film ne cherche pas tant à expliquer qu’à immerger, refusant les expositions classiques pour privilégier une mise en scène qui suggère sans dévoiler, qui nous entraîne dans un réseau d’interactions où chaque geste, chaque regard devient potentiellement un simulacre.
Depuis Sex, Lies, and Videotape, Soderbergh n’a cessé d’interroger la nature même de l’image : que donne-t-elle à voir et que dissimule-t-elle ? Dans The Insider, cette obsession atteint un nouveau degré d’abstraction. L’image ne sert plus seulement à raconter, elle piège le spectateur, l’enferme dans une architecture de pensée.
Avec The Insider, Soderbergh s’amuse des illusions de ses personnages. Cependant, si tout ce que je viens d'évoquer est brillant. Le reste, la photographie, la mise en scène et la narration me laisse indifférent, excepté la scène dynamique dîner.