Souf d'enfance
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Eskil Vogt, réalisateur de Blind et scénariste d’Oslo 31 août et du dernier Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, revient derrière la caméra avec The Innocents. Tendant vers une frontalité assez déconcertante, le film n’a pas froid aux yeux et ne laissera pas le spectateur indemne.
Avec un style âpre et une violence soudaine qui n’éludera aucune des atrocités commises, The Innocents touche un point sensible et pas des moindres : la violence faite aux enfants et surtout, celle orchestrée entre enfants. L’œuvre se veut extrêmement inconfortable par sa lenteur qui amène une tension qui ne cessera de progresser jusqu’à un final tétanisant. Lenteur qui au demeurant nous plonge dans une atmosphère naturaliste et fantastique que ne renieraient pas Michael Haneke, Tomas Alfredson (Morse) et même dernièrement Veronika Franz et Severin Fiala (Goodnight Mommy). En ce sens, l’histoire se déroule dans une banlieue périphérique où 4 enfants de différentes famille habitant dans des bâtiments voisins se retrouvent en bas de leur HLM pour s’am dans les aires de jeux. Mais alors que certains d’entre eux découvrent qu’ils possèdent des pouvoirs de télékinésie, les jeux vont se transformer en affrontement et en règlement de compte mortel.
Il est difficile de déchiffrer toutes les nuances du scénario mais le film parle de l’innocence, innocence foudroyée par la frontière étroite entre le bien et le mal comme le faisait notamment Akira. Dans un univers où les parents font leur possible (la famille d’Ida et Anna) mais s’avèrent malheureusement inconsistants, les enfants sont seuls face à leurs choix. La caméra, qui ramifie au maximum ses mouvements pour faire transpirer la terreur de tous ses pores, scrute de manière distante et minimaliste une bataille psychologique où la violence prendra le pas sur la raison. Au-delà de ses nombreuses séquences brutales, The Innocents filme une enfance qui se jette à corps perdu dans la tentation : soit dans la haine de l’autre, soit dans l’osmose avec l’autre, tout en croquant la pomme à pleines dents. Cette froideur et cette folie qui se dégagent de l’œuvre ne pourraient exister sans l’incarnation incroyablement puissante du jeune casting.
Certes, malgré un contexte familial et social qui sera plus ou moins expliqué, avec l’apparition de séquences de brimades entre adolescents et de portraits de mère démissionnaire ou de père complètement absent, c’est avant tout ce quatuor qui fait la sève du film. C’est un film de super-héros avant l’heure qui pourrait sans le savoir se questionner sur le poids des responsabilités et la puissance divine comme avait pu le faire Chronicle de Josh Trank. Sauf qu’au lieu de théoriser son récit, le cinéaste prend à revers toutes ces questions. Seul le cadre enfantin compte pour Eskil Vogt : il fait de son film un pur film d’ambiance, un film d’apocalypse où l’avenir de toute une humanité est en jeu, une guerre fratricide qui t les deux bouts entre terreur et épouvante carnassière. Entre les sévices faits aux animaux, les fractures, les mutilations, les coups et autres coupures, le film mettra à rude épreuve le calme du spectateur : la terreur n’a jamais été aussi visible dans un regard. L’enfance prend le pouvoir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Velvetman et le Festival de Cannes 2021
Créée
le 22 mars 2022
Critique lue 405 fois
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