Le téléphone pleure

Le concept minimaliste s'avère audacieux et original - encore que les thrillers en huis-clos se soient multipliés ces dernières années, depuis le précurseur "Phone game" jusqu'au récent "Searching", en ant par "Buried", "Brake", "Locke", "The call" et j'en oublie...

"The Guilty" apparaît bien fichu, dans sa conception comme dans sa réalisation, le réalisateur Gustav Möller déployant une mise en scène réfléchie (le héros de plus en plus isolé, au sens propre comme au figuré) et très immersive, s'efforçant de stimuler l'imagination du spectateur, avec en premier lieu un gros travail sur le son.

MAIS... ce genre de film n'est pas pour moi. Je finis assez vite par m'y emmerder, même si Möller a pris soin de choisir un format adapté (moins d'1H20). N'empêche qu'au bout du Xième gros plan sur les écouteurs ou sur la lumière rouge, la lassitude guette...
"Den skyldige" finit à mes yeux par se retrouver prisonnier de son dispositif contraignant, et les tentatives roublardes de son script pour donner le change apparaissent forcément artificielles et prévisibles (même si le scénario est indéniablement bien construit).

Et puis je relève une contradiction qui me paraît problématique : "The Guilty" est considéré comme un film de divertissement. Or je n'y trouve rien de véritablement divertissant au bout du compte.
Le spectateur est amené à ressentir des émotions, oui : le stress, l'angoisse, l'impuissance, la tristesse, et l'ennui me concernant...
Evidemment, il serait absurde de reprocher cette dimension à un drame bouleversant (ce que le film est aussi, d'une certaine façon). Mais pour un polar de divertissement, je trouve que la question du contrat non rempli peut se poser.

En dépit de ces réserves importantes, "The Guilty" reste un film atypique et maîtrisé, qui tient jusqu'au bout sa promesse initiale et ses parti-pris contraignants - prouvant au age la belle vitalité du cinéma danois ces dernières années.
D'ailleurs un remake américain (réalisé par Antoine Fuqua) est déjà en préparation...