Film faible

Cette comédie anglaise a été l'un des grands succès de 1997 : c'est un peu le Bienvenue chez les ch'tis de l'époque, la couche bé-bête en moins, un minimum d'allure de film de cinéma en plus. Par son postulat, il se pose comme un prolongement familial et léger du cinéma social irlandais et anglais. Six chômeurs vivant dans la banlieue de Shieffield subissent la crise de la métallurgie sous l'ère Thatcher (quoique le contexte politique n'est pas cité). Ils vont monter un spectacle de chippendales pour sortir de l'ime.


Ni porno social ni wannabee Ken Loach, The Full Monty est un pur feel good movie ; et une comédie tête dans le guidon, avec son fil original, un décors pittoresque : superbe projet aux maigres résultats. D'abord il y a ce côté 'culte' poussif, avec gags et récurrences cherchant à instaurer une espèce de climat 'private joke', en mesure de provoquer une connexion très intense : les résultats au box-office et l'estime dans laquelle le film est tenu attestent de ce potentiel objectif. Seulement en-dehors de Wilkinson et Addy, les deux grandes révélations du programme, les gimmicks sont un peu las.


À l'initiative du spectacle, Gaz (Robert Carlyle) fait pâle figure en tant que leader et son enthousiasme est décalé et peu opérant. Nous sommes dans les 90s, ère Maman j'ai raté l'avion et un enfant blond est au rendez-vous, qui joue mal et s'avère une mascotte avortée, faute de mise en scène décidée. Le déroulement est assez efficace, la courte durée permet d'éviter les blancs menaçants ; l'écriture manque cruellement de développement. Au-delà de la situation des ouvriers anglais, la crise de la masculinité se prête avec évidence : il ne s'agirait pas d'en faire une thèse, mais il y a tellement à aller prendre dans cette zone ! Et tout est sciemment snobé.


Les personnages restent à l'état de figures sympathiques, avec leurs excentricités ou petits conflits comme pour Wilkinson et Addy. Les autres récoltent au mieux un traitement par la vanne, c'est le cas par exemple des deux homos du gang. Non seulement Full Monty est clairement bien limité mais il est handicapé par ce côté gamin absorbant toute sa matière. Un Dieu a posé le trou noir de la consensualité vulgaire et de l'insignifiance compulsive, Full Monty en a bloqué l'entrée. Toutes les forces réunies pour les besoins du film semblent partager un manque de discernement, allant compulsivement vers une sorte de bêtise lunaire inconséquente, peut-être inhibées par les possibilités de dérapages de leur sujet.


Car il s'agit tout de même d'un Flashdance inversé avec prolos se foutant à poil pour survivre. Ce qui en sort est facile, aimable a-priori, carrément vain, puis finalement surtout d'une 'légèreté' assez effarante.


https://zogarok.wordpress.com/

4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1997

Créée

le 2 avr. 2015

Critique lue 2K fois

5 j'aime

1 commentaire

Zogarok

Écrit par

Critique lue 2K fois

5
1

D'autres avis sur The Full Monty - Le Grand Jeu

Très bonne comédie sociale, filmée intelligemment !

Belle comédie sur fond de crise sociale (crise de la métallurgie des années 1980), où l'on va suivre Gary et ses amis qui vont tenter de s'en sortir d'une façon pour le moins originale ! En effet...

Par

le 13 août 2016

12 j'aime

2

He's fat, you're thin, and you're both fucking ugly.

Le cinéma anglais des années 80-90 est très marqué socialement. Beaucoup de films mettent en scène ces usines qui ferment, décriant notamment les années Thatcher. The Full Monty fait partie de...

le 23 sept. 2014

8 j'aime

Un défilé de chichettes, apportez votre microscope

Si vous ne comprenez toujours pas pourquoi en soirée, lorsque résonnent les premières notes de "Hot stuff", tout le monde se met en ligne en agitant le bassin d'avant en arrière, c'est que vous avez...

Par

le 4 oct. 2011

8 j'aime

1

Du même critique

Kirikou et la Sorcière
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

Par

le 11 févr. 2015

49 j'aime

4

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

Par

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2