Frères Russo... Trois cent vingt millions de brouzoufs... Netflix... Contenu (ou produit)... ChatGPT. Voilà l'enfilage de perles que j'ai pu lire dans presque chaque critique de cette nouvelle immondice décrétée.
Parce qu'elle vient tout d'abord des frères Russo, qui ne peuvent être que des faiseurs limite tâcherons, dès lors qu'ils ont officié du côté de chez Disney/Marvel.
Parce que trois cent vingt millions, c'est nécessairement dispendieux. Et de toute façon, on n'a jamais aimé les riches, et surtout l'utilisation qu'ils font de leur pognon. Cela les regarde, après tout.
Enfin, parce que c'est Netflix, dont il faut éviter de regarder un quelconque contenu par « instinct de survie cérébral ». Mais même si la bande-annonce hurle toute la nullité de l'engeance, on ne peut cependant s'empêcher de pondre un avis sur chaque sortie de route pour s'acheter un bon goût supposé. C'est pas comme si Fincher, Scorsese, Baumbach, Cuaron, Garland, Del Toro ou Aardman n'avaient pas pu y trouver refuge.
Je ne suis pas en train de vous dire que The Electric State est le film de l'année, ni même du mois. Mais simplement que, a l'instar de tout studio, Netflix produit du bon et du moins bon.
Oui, ce n'est jamais surprenant, ni même novateur. Oui, c'est très attendu. Mais The Electric State réussit cependant à ne jamais ennuyer. Voire à rendre curieux. C'est sans doute l'effet de l'imaginaire fertile de Simon Stalenhag, même si ses visions bucoliques d'un temps suspendu sont parfois un peu perdues de vue.
Sans doute aussi parce qu'on s'amuse à identifier nombre de longs métrages SF que l'on se rappelle au fur et à mesure du visionnage : l'esprit Amblin, l'enfance à l'épreuve de la technologie, comme dans D.A.R.Y.L. ou Wargames. Une révolte mécanique identique à celle mise en scène dans Animatrix ou The Creator. De Transcendance. Et beaucoup d'autres choses encore.
L'esthétique rétrofuturiste et le production design sont plutôt accrocheurs, voire inspirés du côté des robots, fournissant une bonne partie de l'intérêt du spectacle et faisant de ces derniers des objets suscitant bien plus l'attachement que les deux acteurs principaux. Tandis qu'il serait hypocrite de ne pas reconnaître que les interactions entre humains et machines sont des plus réussies.
Et au-delà de la critique en sourdine de notre esclavage numérique, il s'agit surtout, dans The Electric State, de raconter l'attachement d'une sœur et d'un frère, explosant enfin dans les dernières minutes de l'oeuvre vers quelque chose de tragique et un impossible deuil de ce que l'on a partagé. Il y a donc quand même un petit quelque chose qui ressemble à un cœur humain, finalement, derrière le programme formaté et vissé sur des rails.
Encore une fois, le masqué semble donc se contenter de très peu. En tout cas, il n'a pas assisté au naufrage industriel décrit avec complaisance par beaucoup.
Ce qui lui fait dire que les moutons électriques auxquels rêverait Netflix ne sont pas forcément ceux auxquels on pense de manière immédiate. Car toute publicité est une bonne publicité, non ?
Behind_the_Mask, qui aime les « bêle » mécaniques.