The Descendants, adapté du roman éponyme de Kaui Hart Hemmings, est le nouveau long-métrage d'Alexander Payne, connu pour son Sideways et son Monsieur Schmidt. Chose ne surprenant guère, l'œuvre correspond parfaitement à son réalisateur, qui tout comme avec Monsieur Schmidt façonne l'ensemble de manière à ne jamais fondre vers le mélodramatique, mais à l'inverse vers l'humour, pour que les adieux se fassent dans l'honneur et non dans les larmoiements. Dans le désordre on a un homme surmené qui a délaissé sa famille et ne sait pas quoi faire de ses terres, qui doivent être mises en vente afin de remplir les poches de ses cousins, cupides, puis on a ses deux filles qui s'enferment dans la hargne afin d'y expulser leur tristesse, il y a aussi un sale petit fumier (Matthew Lillard) auquel il faut aller dire deux mots, et enfin, une femme à laquelle on voudrait faire toutes les remontrances, mais qui réduite à l'état de légume va être débranchée. Un tas de situations, un tas de personnages qui se révèlent bien plus complexes qu'ils n'y paraissent, une mise en scène bien rodée, un montage intelligent, une photographie somptueuse (rendant plus que justice aux décors Hawaïens), des acteurs au mieux de leur forme, voilà les ingrédients de cette production et qui en font probablement l'une des meilleures comédies dramatiques de ce début d'année.
Bref, The Descendants est une nouvelle grande victoire d'Alexander Payne, qui réussit, après Monsieur Schmidt, à faire côtoyer la mort et l'humour de la façon la plus noble qui soit. Chaque moment est tourné de façon à en extraire toute la beauté et les émotions qu'il peut procurer, Payne manie avec brio l'humour, qu'il nous impose toujours de façon inattendue, mais conservant toujours une pudeur et une finesse comme l'on en voit rarement ailleurs (si ce n'est chez Wes Anderson). On rie, un peu, beaucoup, énormément, puis on a des malaises, de la rage, de la colère, on pleure, et on se dit qu'en plus de Payne, il y a George Clooney, tenant assurément l'un de ses meilleurs rôles, qui se montre communicatif au point de se rendre compte que c'est à lui que l'on doit toutes ces émotions — ce bonhomme que l'on croyait en être arrivé à ne rien nous proposer de neuf. S'ajoute à cela quelques bonnes têtes, malgré l'omniprésence de Clooney, dont Lillard, qui joue les salauds comme seul lui sait le faire, mais aussi Judy Greer en femme trompée, et enfin Beau Bridges, qui s'extirpe enfin des séries télé et autres DTV pour nous prouver qu'il sait jouer la comédie.
Pour conclure, les plus friands de drames qui ne se morfondent pas, mais qui au contraire ont quelque chose à dire, auront ici une perle à ne manquer sous aucun prétexte. Les moins accrocs au schéma « proche qui meurt et famille en deuil » pourront toujours se laisser tenter, ne serait-ce que pour la surprise imposée par sa narration.
Mention spéciale pour George Clooney, qui nous étonne de façon majestueuse. Il cannibalise le film, en devient le nombril, relègue les seconds rôles au rang de zygotes gravitant autour de lui, et nous sert ici sa meilleure composition dramatique. Après des années de sourires charmeurs et de pubs pour du café, le voilà qui interprète le personnage le plus attachant et poignant de cette année. Un immense bravo.